Saturday 27 June 2009

PANAF d’Alger : « Africa is Back »



L’année 2009 sera particulièrement animée en Afrique par deux grands événements culturels : Le Deuxième Festival Culturel Panafricain se tiendra du 5 au 20 juillet à Alger. Plus tard en décembre, se tiendra à Dakar le Deuxième Festival Mondial des Arts Nègres. Les premières éditions des deux festivals datent des années 60. Il s’agit peut-être d’un second éveil pour l’Afrique.
Le PANAF est d’abord un enjeu politique. En 1969 plusieurs pays africains n’étaient pas encore indépendants et avaient participé à la première édition avec leurs mouvements de libération : Afrique du Sud, Mozambique, Angola, Namibie, Guinée Bissau. A l’époque l’Algérie fière de sa fraiche indépendance, et cherchant un leadership continental organisait l’événement culturel le plus important en Afrique. Actuellement, presque tous les pays africains sont indépendants. L’Afrique cherche un deuxième souffle et l’Algérie sortant de deux décennies sanglantes veut retrouver sont rôle de leader.
Lors de la conférence des ministres africains de la culture à Nairobi en 2005 la délégation algérienne propose d’organiser le PANAF. Après un grand lobbying, en Janvier 2009 à Addis-Abeba, le projet est validé par les chefs des états africains et devient officiellement une affaire de l’UA que l’Algérie a pour mission d’exécuter (44 pays des 52 membres ont confirmé leur participation). Pour relever tous les défis Alger débloque un budget de 60 million d’euros.
Alors que l’opposition et les intégristes religieux contestent l’organisation du festival estimant que l’argent servirait mieux à construire des hôpitaux ou des écoles dont le pays a le plus besoin, d’autres voix s’élèvent, convaincues de sa dimension symbolique en tant que célébration des talents africains, et demandent de l’institutionnaliser en le rendant régulier. La première édition avait effectivement servi à faire connaitre plusieurs artistes africains comme Manu Dibango et Myriam Makéba. Lors de cette deuxième édition un hommage sera rendu aux Nobels africains de littérature : Naguib Mahfouz l’Égyptien, le Nigérian Wole Soyinka, les Sud-Africains Nadine Gordimer et John Maxwel Coetzee.


Sotigui Kouyaté, « On fait avec ce qu’on a »


Au 62ème Festival de Canne, l’acteur malien Sotigui Kouyaté a reçu l´insigne des arts et des lettres du ministère français des affaires étrangères. C’est la deuxième consécration en quelques mois. Février dernier il remportait l’ours d’argent du meilleur acteur au festival de Berlin.
Vivant à Paris, Kouyaté retourne souvent en Afrique pour monter des projets. Il n’hésite pas à mettre l’accent sur ce rapport au continent : « Depuis 2003 j’ai décidé de m’occuper de mon continent. J’ai mis en scène deux pièces Antigone puis Œdipe que j’ai représentées au Sénégal, Mali, Burkina Faso, Niger… Maintenant je monte Salina de Laurent Gaudé pour laquelle je prévois une tournée également en Afrique après le Festival Culturel Panafricain d’Alger (en juillet).
Salina est encore un texte français adapté au contexte africain. Il y va de la vision que Kouyaté a de l’échange culturel. « Quand des metteurs en scène montent des pièces avec des textes européens et des acteurs africains parlant en français, ce n’est pas un échange. Moi, je prends un texte français et je le mets dans une portée et un langage africains »
En l’absence d’un théâtre structuré, Kouyaté réinvente tout avec chaque nouvelle pièce ; de l’adaptation des textes à la formation des acteurs. Mais ceci n’est pas une fatalité qui empêcherait les artistes africains d’évoluer. Il reste optimiste puisque : « C’est certes énorme mais pas impossible. On dit que l’Afrique est pauvre. Ce n’est pas vrai. On nous veut pauvres. Que l’on soit professionnel ou amateur, c’est la volonté qui fait la différence. Quand le serpent vient vers toi, tu te défends avec le bâton que tu as dans la mains. Tu ne vas pas jeter cela pour aller chercher un bâton plus fort pour te défendre. On fait avec ce que l’on a.»
C’est ce qu’a fait Sotigui Kouyaté quand il était fonctionnaire de l’Etat pour enfin devenir une icône de l’Afrique. « … un amateur avisé, affirme-t-il, n’a rien à envier à un professionnel … J’avais deux compagnies théâtrales : un trio d’art dramatique financé par l’Ambassade de France et une autre que je finançais avec mon propre salaire ».
Aujourd’hui encore il continue de financer ses pièces de théâtre grâce au cinéma : « Je fais beaucoup de sacrifices parce j’ai envie que les choses se fassent ».

Des cinémas pour l’Afrique


Abderrahmane Cissako, riche de son expérience dans la production qu’il pratiqueà la manière de la tortue transportant sa propre demeure, tout comme beaucoup de ses colègues cinéastes africains condamnés au nomadisme culturelle, se lance avec le même esprit, dans ce rêve de maitenir quelques salles de cinéma. Il réussira peut-être à faire vivre le Soudan à Bamako, mais ce ne sera pas plus qu’une goute d’eau dans le sable du sahara africain.
Plusieurs personnes se sont manifestées pour soutenir cette initiative dont le but est la restauration des salles africaine de cinéma en en vendant, symboliquement, les sièges à 5000 Euros l’unité. Gilles Jacob et Juliette Binoche ont été parmi les premiers à présenter leurs chèques en public lors d’un point de presse au dernier Festival de Cannes.
quelques questions méritent pourtant d’être soulevées : le pari de vendre l’ensemble des sièges de cette salle sera-t-il toujours tenu ? Et même si c’est le cas, sera-t-il toujours aussi possible de répéter l’opération dans d’autres pays ? Au-delà fu côté sensationnel, le rpojet pourrait-il jamais se substituer à un programme réel et efficace de développement pour la culture en Afrique ? Ou bien celle-ci passera toujours parmi les dernières des priorités.
Dans l’absence d’une volonté politique réelle, de la pat des gouvernements africains et de leurs partenaires mondiaux, d’inscrire la culture et le cinéma comme priorité dans l’agenda du développement qu’ils concoivent pour le continent, on ontinuera toujours à collecter les aides pour financer la construction.