Tuesday 21 December 2010

Culture also worth it, isn't it ?


As you all have heard by now, Jafar Panahi has been convicted to six years in prison in his native country, Iran. The sentence extended by the additional punishment of being banned from directing or producing film, writing scripts, interviewing with media or traveling abroad for the next twenty years. Fellow filmmaker Muhammad Rasoulof also received a six-year sentence.

This is a virtual execution of an artist whose work has been social memory of a nation long suffering from a marked cultural tendency to suppress or repress the social history. Panahi and his films are the witness of a critical time. a witness to the power of art in developing countries and under censureship. And of course there is a sacrificial economy involved in whatever activity one does to resist the hegemony of the dominant power. Wrote Alireza Khatami on facebook

The Western World thinks only about the nuclear energy/weapon of Iran. USA and his friends act only when it is about their economical strategic interest. Let’ s push them to look also a little bit to cultural and human rights aspects. The case of Jafar Panahi and Muhammad Rasoulof must be put on the table of any discussions with the Iranian regime about any other issues like nuclear, oil, economy, politic... Culture also worth it, isn’t it ?

Sunday 5 December 2010

Homeland by George Sluizer


A vitriolic new documentary from the director of "The Vanishing" revisits the Israel/Palestine conflict.Posted 10/21/2010 500 AM by Alison Willmore

Dutch filmmaker George Sluizer made a trilogy of documentaries entitled "Land of the Fathers" that followed two Palestinian families through their experiences in 1974, 1978 and 1983 -- the last, "Adios Beirut," he mentioned was sold to PBS but never broadcast. With "Homeland," one of the films making its world premiere at Abu Dhabi, Sluizer revisits those two families, now spread out over Lebanon, Colombia, the U.A.E. and other locations, and also puts himself and his feelings about the Israeli-Palestinian conflict center stage.
Sluizer will present his film on saturday december 11th in Tunis - Tunisia
He is invited by the Dutch Embassy in Tunis
The European organization Vanuit het Zuiden
The tunisian Association of Court Métrage et du Documentaire

Friday 26 November 2010

IDFA, une édition engagée

Le rideau est levé sur la 23ème édition du IDFA, le festival le plus important au monde dédié au documentaire. Cette année l’évènement se tient dans une atmosphère très particulière sous le poids de la politique et des conséquences de la crise économique qui pèsent encore sur la culture et plus particulièrement sur le cinéma. Cependant, la richesse des sujets et l’affluence des spectateurs et des professionnels venus des quatre coins du monde n’a pas manqué au rendez-vous.
Dès le coup d’envoie, la couleur a été annoncée. L’édition 2010 du festival international du documentaire d’Amsterdam s’est placée sous le signe de la résistance des artistes contre les politiques. Partout en Europe, les gouvernements ne jurent que par les coupes budgétaires qui visent directement et en premier temps les institutions et les projets culturels. Les artistes répliquent en manifestant dans les rues et ne manque une occasion publique pour dénoncer ces mesures contre l’art et la culture au profit des finances et des affaires.
Les organisateurs de l’IDFA se sont inscrits dans cette même mouvance et ont lancé le “ruban doré” comme signe de contestation contre les coupes budgétaires culturelles. Dès l’ouverture une invitation fut lancée aux festivaliers de se rendre à un rassemblement public devant le plus grand théâtre des Pays-Bas à Amsterdam. Dimanche sur la place il y a eu plus de 700 mille manifestants contre la politique libérale qui a pris les reines du pouvoir depuis les dernières élections.
Cet activisme n’est pas étrange au festival. Le documentaire est un genre essentiellement engagé. Il est presque naturel que le festival qui lui est dédié donne l’exemple dans la défense de la culture. L’engagement se voit aussi dans la variété et la pertinence des sujets traités. Là encore le signe est donné dès le premier jour. Le public pouvait voir des films venant des pays les plus exposés à aux catastrophes les plus terribles: les génocides au Rwanda, la guerre civile au Congo, l’impasse du Sahara Occidental, les bidonvilles de l’Afrique du Sud, la vie en Afghanistan, un pays ou règne le chaos,…
Tant de films viennent accompagner le film d’ouverture, Place au milieu des étoiles du hollandais Leonard Retel Helmrich. Dans ce troisième volet de sa trilogie le documentariste continue d’explorer la vie des petites gens dans les bas fonds de Jakarta (Indonésie). On dirait qu’un mot d’ordre réunissait tous les documentaristes participant à cette édition toutes sections confondues. Tous partent à la recherche de ce qui pourrait encore relever de l’humain au sens profond du terme. Et tous semblent s’ériger contre une force impitoyable et indescriptible qui cherche à vider le monde de toute son âme et de ses valeurs fondamentales.
Dans ce sens ce festival se présente comme un rempart de culture et d’humanisme qui sont souvent une monnaie qui n’a plus de change de nos jours.

La critique de cinéma, cet acte de résistance.

Elle est certes, et tout simplement, magistrale l’intervention toute récente de Jean-Michel Frodon au sujet de la critique de cinéma. Dans un article paru sur www.slate.fr il revenait sur les discussions qui ont lieu un peu partout au sujet de la situation de la critique de cinéma. Après avoir démontre qu’il s’agit dans l’ensemble d’un faux débat, il rappelle le fondement de l’acte critique comme participant essentiellement d’un effort de créativité. Il n’en reste pas moins vrai que cet article a le défaut qu’ont toutes les grandes réflexions à portée universelle ; celui de manquer un peu de nuance.
Dans cet article d’une clarté impressionnante le critique français fait en effet une mise au point extrêmement lucide sur l’état de la critique et présente une synthèse des discussions qui ont lieu depuis quelques temps sur le danger qu’elle courrait. Partant d’un jeu de mots comme il a l’habitude de faire, le critique français met le doigt sur une question fondamentale, ou plutôt un contre-sens très fréquent, celui de l’utilité de la critique comme pratique. Le titre de l’article, sous la forme interrogative « A quoi sert la critique de cinéma ? », est en fait a prendre avec beaucoup de précaution. En fait le fond de l’article est de remettre en question cette idée faussement évidente que la critique est une activité pragmatique, en tout cas elle ne le serait pas du tout en termes concrets.
Dans la première partie du texte, le critique démonte le mécanisme par lequel la critique est ramenée a une pratique au service de quelque chose d’autre qu’elle-même. Il en dénombre nommément quatre domaines ; celui du marché et du commerce, celui des loisir et de l’Entertainment, celui de la presse et de l’information et celui de la recherche et de l’enseignement. Quatre domaines ou la critique est utilisée, voire asservie a des fins qui la dépassent. Cela ne veut pas dire pour autant qu’elle sujette a des pratiques condamnables. Sinon ce serait trop facile.
Nulle doute que le monsieur a raison et que l’analyse qu’il fait est d’une pertinence évidente, ou presque. Plus encore, il admet que cette exploitation de la critique est bénéfique pour le cinéma. Il n’hésite pas a défendre la dimension nécessairement lucrative du cinéma : « Soyons clairs, écrit-il, l’objectif de tous ces gens est légitime, ils défendent leurs intérêts, et si on aime le cinéma, on souhaite que ce soit aussi un secteur prospère…. ». En cela il reste un parfait disciple de Max Ophuls qui regrettait que le cinéma soit une industrie et dire qu’il aurait pu être un art.
Poussant plus loin la réflexion, l’auteur de l’article met le doigt sur le rôle fondamentale et plus profond encore de la critique dans le développement de ce que nous pourrions appeler la « culture de l’image ». A ce titre il s’élève contre l’idée très fausse qu’internet constitue une menace quelconque pour la critique. Car selon lui, « … et c’est le plus important, la critique construit un environnement autour des films. » Cet environnement est social lorsqu’ il s’agit des loisirs. Il a trait a l’information et a la communication au sens technique des que le journalisme s’en empare. Il est enfin académique et cognitif a partir du moment ou il fait partie des programme de formation et / ou de recherche scientifique.
Il y a cependant un « Mais ». S’il est vrai que les différentes « utilisations » de la critique et/ou du cinéma sont légitimes, Il y a tout de même une ligne rouge : tout sauf la marchandisation ou la marginalisation du film. Le pire est cette approche qui réduirait « … les films à une seule de leur fonction, celle de produits de consommation …». L’autre approche qui n’en est pas moins condamnable est de faire du film « … une pièce d’un dossier (sur la pollution, le malaise des adolescents, un épisode de la guerre) ou comme symptôme de l’inconscient sociétal.» comme font les journalistes. L’autre enfin est celle de considérer les films comme une matière a étudier (dans la perspective académique tout est sujet de savoir) sans prendre en considération la spécificité du cinéma comme art.
Justement, la critique devrait avoir comme cheval de bataille la défense de cette dimension : un film est d’ abord une œuvre d’art. Pour cela le critique français revient à l’origine de la critique comme acte intellectuel, et nécessairement français. Il ‘évoque en effet les deux père de la critique d’art : Diderot et Baudelaire pour rappeler l’idée fondamentale que : « La critique est une activité fondée sur le fait qu’elle concerne un type d’objets particulier, qui appartient à la catégorie des œuvres d’art.».
Une affirmation aussi catégorique n’est pas exempte de doute. La définition de ce qu’est une œuvre d’art reste d’un complexité telle que seule le concept d’ouverture emprunte au sémiologue italien Umberto Eco, est capable d’être d’un certain secours théorique. Le concept d’ouverture vient répondre au souci de résister à toute tentation de réduire le film a quelque chose qui lui est extérieure. Le critique doit avoir une approche exponentielle du film dans le sens ou, au lieu de limiter sa signification doit éviter de la démystifier, et par contre, l’enrichir en respectant son ouverture et son mystère. En un mot, le critique ne doit pas chercher a donner un sens a l’œuvre mais a s’inscrire dans un processus de collaboration lui permettant de tendre vers non pas vers le sens d’ une œuvre mais vers « La promesse d’une œuvre».
Tout ceci est cohérent. Monsieur Frodon reste un critique de renommée internationale, et il reste surtout français. L’argumentation qu’il propose est valable pour d’ abord pour le contexte français. Elle est aussi valable pour le monde entier. Mais quel monde ? Celui ou il y a du cinéma, celui ou le film a une vie comme elle se doit. La critique a laquelle il réfère est celle qui est pratiquée dans un contexte « normal ». Or, la norme quand il s’agit de l’environnement culturel dans lequel un film peut être produit et consomme n’est en fin de compte que celle du Nord.
La réflexion du critique français est universelle. Elle a donc ce défaut, nécessaire à toute réflexion universelle, de ne pas verser dans la considération de certaine nuance. Jean-Michel Frodon, critique français ne peut réfléchir en dehors du contexte de sa société, du contexte économique et culturel dans lequel il évolue. Dans ce sens on pourrait lui reprocher un certain égocentrisme, ou eurocentrisme.
Du reste, la pertinence de sa réflexion est tel qu’elle pourrait se détacher de tout contexte mais cela reste très relatif. L’idée qu’il développe s’appliquerait bien à un contexte effectif ou le film a une vie « normale ». Elle pourrait s’appliquer aussi à un monde potentiel ou le film aurait cette vie qui permettrait à une activité critique d’exister et de se développer.
Ce que cette réflexion n’envisage pas c’est un monde ou le film n’a pas cette vitalité nécessaire pour qu’une critique existe ait un rôle quelconque. Comment un critique africain ou arabe pourrait s’inscrire dans cette posture d’ouverture sur « La promesse d’une œuvre ». Ce concept suppose une œuvre qui existerait déjà et à travers laquelle le critique en intellectuel nourrit une attente. Nous sommes dans un contexte amputé de cette condition d’existence de l’attente meme. Ne sommes-nous pas dans un contexte ou tout effort de distinction entre ce qui est de l’art et ce qui n’en est pas n’a aucun sens.
La perspective exponentielle dont on parlait plus haut, en fonction de laquelle le critique participe de l’enrichissement de l’œuvre, ne peut avoir de sens que dans un environnement culturel propice. De même, le principe de la distinction de cet objet culturel particulier de la somme des produits de consommation, ne peut exister que dans un monde ou la production de ces deux types de produits est possible. Or, nos cinématographies, dites du Sud, sont dans une indigence telle que la question de toute distinction devient absurde et secondaire par rapport à celle plus primordiale de l’existence en soi.
La question se poserait donc pour la critique elle-même. Son existence est organiquement tributaire de celle de la matière a laquelle elle s’applique. Exception faite de quelques sociétés (Egypte, Inde, Nigeria, Afrique du Sud, et relativement le Maroc) ou la production est existante en quantité nécessaire pour offrir des conditions d’existence suffisantes pour qu’une pratique de la critique soit possible, la possibilité d’acte intellectuel tel qu’il est décrit par Jean-Michel Frodon reste de l’ordre du fantasme ou de la schizophrénie.
Face a cette indigence, le critique est condamné a se projeté dans un monde qui n’en est pas un ou qui est une pure construction complexe faite d’un ensemble flou de frustration et de tension. Ses films sont si fragiles ou du moins si peu nombreux que le mécanisme de comparaison nécessaire à la pratique saine de la critique est faussé ou impossible. Face a ce vide, a ce manque d’appuie mental et intellectuel, le critique se refugie dans une image « autre » faite par/et dans des sociétés lointaines. Dans les deux cas, il se projette dans un monde qui n’est pas le sien. De fait il est pris entre deux vides. Mais de cela, monsieur Jean-Michel Frodon ne dit pas un clou.
Est-ce autant pour dire que sous nos cieux la critique est condamnée ? Contrairement a la tendance générale qui estime que le développement des medias et des nouvelles technologie de la communication constitue une menace sérieuse pour la critique de cinéma, l’idée de Frodon est que la critique a plus que jamais sa place et son rôle. Et cela n’est pas applicable à un monde sans l’être au reste de l’univers. La critique de cinéma est un acte de résistance par lequel l’Art est défendu contre le progrès technologique corrupteur et contre les effets néfastes de la géo-économie qui pèse de tout son poids sur les sociétés les plus fragiles menaçant de les priver du moindre droit a la pensée.

Deux documentaires tunisiens au rendez-vous


Deux cinéastes tunisiens, Hichem ben Ammar et Kaouthar ben Hania, participent depuis quelques jours au Festival International du Documentaire d’Amsterdam (IDFA). Il n’est pas si facile, encore moins fréquent, de voir nos cinéastes participer à des festivals de haut niveau. Les raisons sont loin d’être évoquées en quelques lignes. Toujours est-il cette participation mérite amplement d’être mise en valeur.
Hichem ben Ammar est un vieux routier de la cinéphilie tunisienne. Il vient de la critique de cinéma. Ancien président de l’Association Tunisienne pour la Promotion de la critique Cinématographique, il a choisi avec entêtement de se vouer au documentaire. Il réalise, produit et même il en organise un festival. Tout ceci s’inscrit dans une démarche cohérente.
Kaouthar ben Hania vient aussi du milieu associatif. Elle est issue de la Fédération Tunisienne des Cinéastes Amateurs d’où venait aussi Hichem ben Ammar. C’est là qu’elle fait ces premières armes avant de suivre une formation académique à Tunis puis en France. Elle aussi s’est très tôt engagée sur la voie du documentaire en tant directrice artistique de Doc à Tunis. Après avoir fait quelques courts métrages. Là elle passe à une vitesse supérieure.
Les deux cinéaste se retrouvent dans l’un des, si ce n’est Le, plus grand festival de documentaire au monde. Ben Ammar vient présenter Un Conte de faits dans une section parallèle du festival, l’antichambre de la sélection officielle ; l’autre est en lice pour le prix de la première œuvre avec Les Imams vont à l’école. Le premier est une pure production locale, tunisienne ; le second, une Coproduction franco-imaratie, est présenté comme un film français. Pourtant, si les deux films ont pu avoir cette visibilité c’est qu’il relèvent en un sens, le pari de l’universalisme tout en restant poche de l’environnement réel dans lequel les films sont faits.
Hichem ben Ammar, depuis ses premiers documentaires avait rompu avec deux fardeau du genre sous nos cieux : la folklorisme et le misérabilisme. Par son style et par le choix de ses sujets, il se situe dans la modernité la plus évidente. Son nouveau film s’inscrit dans cette continuité. Ce qui arrive à Anas, le jeune musicien prodigieux, pourrait arriver à n’importe quel enfant dans le monde. C’est pourquoi, il est confronté au challenge de se mettre au niveau de n’importe quel jeune du monde en rejoignant l’école londonienne de musique qui est effectivement ouverte à tout les jeunes du monde. Mais c’est aussi le défi du père d’Anas qui s’accroche à son droit de donner à son fils toutes ses chances.
Comme Anas se réclamant de toute la musique du monde, le réalisateur se pose comme défi de prendre sa place sur la scène du documentaire la plus en vue au monde. Le film est passé auparavant et entre autre au festival de Milan qui est destiné aux cinématographie du Sud. La sélection à IDFA vient confirmer le droit à l’ambition universelle. Le prix est simple, rigueur et confiance en soi.
Kouthar ben Hania est aussi fidèle à son contexte. Pour elle c’est sa condition d’émigrée en France qui l’inspire. A l’ère du clash des civilisations, à l’ère de la question problématique de l’intégration et de l’éveil des débats identitaires, la jeune réalisatrice est interpellée par l’une des mesures prise dans le cadre de la nouvelle politique de l’émigration en France : la formation des Imams et aumôniers musulmans. Avec Humour, Ben Hania, montre comment un phénomène est pris avec légèreté finit par touché des valeurs fondamentales de la démocratie et des droits de l’hommes dans le pays de la République. Même si le film se veut trop démonstratif et l’argumentation manque de force intellectuelle et verse très peu dans la nuance (il y a chez la cinéaste une volonté de faire un acte politique plus qu’un acte de pensée) l’engagement de la cinéaste impose le respect. Et quoi de plus respectueux que d’être dans une telle compétition.
C’est la consécration d’une démarche honnête, intellectuellement parlant. Par son film, Ben Hania se prend position entre sa culture d’origine d’une part, et le débat très actuel qui anime, souvent avec passion d’ailleurs, les sociétés d’Europe. C’est un challenge de taille que de vouloir prendre part à un débat aussi complexe et aussi exigent que celui de la cohabitation des cultures et des religions.
Voilà ce un peu qui se passe avec ces deux cinéastes de deux générations différentes. En fait il vaut mieux être positif et parler plutôt des raisons qui rendent ce type de présence sur la scène internationale possible. Le secret, semble-t-il, réside dans la conviction qu’il faut avoir une certaine rigueur dans le travail doublée d’une profonde conscience du fait que le cinéma est à la porté de tous pourvu qu’y met l’énergie nécessaire. Mais pour cela il faut être exigent avec soi-même et prendre son travail de cinéaste au sérieux pour avoir cette confiance en soi et de-là se dire : moi aussi j’ai ma place et en toute légitimité.

Sunday 14 November 2010

JCC; the lost vocation


Every two years a special event takes place in Tunis (Tunisia) since 1966. It is called Carthage Film Days. This year the 23rd edition was held from October the 23rd to 31st and there was somehow a bad feeling of a lost vocation of the event. One could notice obviously and regrettably.
This film festival was created by African pioneers in the sixty’s. One of them, M. Tahar Cheriaa made his last appearance one evening during the festival when an association called Cultural association Africa-Mediterranée decided to give him a tribute. Few days later we knew that he passed away. The festival missed even to say good bye in a proper way to his founder and creator.
It seems, after the death of Henry Duparc (Ivory Coast) Sembene Ousmane (Senegal), Sotigui Kouyaté (Mali), that a generation is disappearing. The worse is that a spirit and a kind of ideas are also going away.
As in every edition and according to the philosophy of the festival, Cartage Film Days should be a festival with a special focus on two cultural branches of Tunisian identity : African and Arab cinema. Unfortunately, one could notice the obvious tendency of the directors to focus more and more on the Arab part.
The festival is then less colored, let’s say. Going around in the festival areas you could hardly meet black African professionals. Their numbers during the last editions is getting smaller and smaller. This means a lot.
Those who remember the eighty’s could witness this regression. Film lovers remember with nostalgia the first price of this festival for ever (the golden Tanit) when Sembene Ousmane participated at the first afro-arab competition here in Tunis in 1966.
The eighty’s where the years where professionals from the north of Africa and from the sub-Saharan area could meet in the hotels of the Tunisian capital and talk about the ways to promote their image, and to fight together against the imperialist image of the north.
Something is lost. This is the terrible conclusion one could make.
The program contains in fact films from both regions, in all sections. But there is no balance at all. As a matter of fact only three black countries where represented in the official competition of features: South Africa with State of violence by Khalo Matabene and Shirley Adams by Olivier Hermanus, Uganda with Imani by Caroline Kamya, and Kenya with Soul Boy by Hawa Essuman. This focal competition contains fourteen films.
As for the rest we notice the presence of big production countries like South Africa and Egypt with two features each in the competition and the organizing country, Tunisia, with three films. Clearly the festival looks more to the north, or the east but surely less to the south.
The screening the A screaming Man by Chadian film maker Mahamet-Saleh Haroun in the opening ceremony, is supposed to be a nice alibi for the organizers to compensate the deficient balance of the official selection, and the partisan prejudiced vision of this edition.
The tribute to Malian actor Sotigui Kouyaté could not help neither. His program was one among five others dedicated to Arab and North African artists : Rachid Bouchared (Algeria), Hyam Abbas (Palestine), Ghassan Salahab (Liban), Atyat Abnoudi (Egypt).
Of course when you make this kind of statement, you can’t be surprised by the final result. Generally the awards are depending of the quality of the selection. In addition to that, it seems that the jury of the 23rd edition of the Carthage Film Days, headed by Haitian film maker Raoul Peck, was coherent with the general atmosphere of the festival.
The three main awards went to Microphone by Ahmad Abdalla (Egypt) Golden Tanit, Voyage to Algers by Brahim Bahloul (Algeria) Silver Tanit and The Mosque by Daoud Aouled Syad (Maroc). It would have been better to dedicate this edition to North African cinema, then.
Never by the past, and during more than forty years, was the northern absurd orientation so heavily noticed.
Once upon a time, Africa was united around film culture and industry. It seems that this was a dream like a lot of other things. Carthage Film Days had even a twin brother, the fespaco, in Ouagadougou. It seems also that things are going to the other direction and North African cinema is no more considered really as part of African image. The next edition is announced for the end of February. Let’s wait and see.

Saturday 9 October 2010

Venus noire, ou le procès des temps modernes


Abdellatif Kechiche passe pour le cinéaste de l’émigration et de l’exile. Cela se faisait sentir dans ses trois premiers film ; La Faute à Voltaire, L’Esquive et La Graine et le mulet. Avec Vénus Noire, il place le débat à un niveau supérieur. Si dans les premiers films il s’était intéressé à des histoires présentes au sens de peinture de la réalité du point de vue de l’émigration, avec son nouveau film, c’est encore le présent qui l’intéresse, mais avec une dimension de plus que lui fournit un débat « en France » autour de la restitution de la « dépouille » de Sara Baartman à son pays d’origine, l’Afrique du Sud
Il s’agit d’une histoire triste et pesante de tous points de vue. D’aucun ont en effet reproché au réalisateur une certaine longueur et ont trouvé que les scènes où l’on voit Sara dépouillée de toute son humanité et exposée comme un monstre curieux aux publics européens ou aux scientifiques étaient d’une durée exagérée. Elles auraient gagné à être écourtées ou leur nombre réduit. Cependant, outre le fait que du point de vue dramaturgique ces scènes ne sont pas fortuitement répétées mais chacune apporte une dimension supérieur et une autre profondeur au film, il semble qu’elles ont eu l’effet psychologique escompté : interpeller la conscience du spectateur et le toucher dans son corps même le poussant jusqu’à la limite de ce qu’il pourrait supporter.
Effectivement, que signifie la gêne d’un spectateur du 21ème siècle assis dans un fauteuil confortable face à ce que Sara a enduré pendant des années et des années ? Que signifie le confort du monde moderne face à ce que l’Afrique a enduré pendant des siècles d’esclavage, de déportation, de colonialisme, de néo-colonialisme… ? Que le spectateur se sente dérangé ce n’est pas seulement une question de gout ou de sensiblerie au sens banal du terme.
On peut bien y voir une conscience tirée en dehors de sa fausse tranquillité. On ne peut pas avoir la conscience tranquille quand a été capable de la pire des injustices. On ne peut pas avoir la conscience tranquille quand on a été responsable des malheurs du monde des siècles durant. On ne peut pas avoir la conscience tranquille quand on voit de ses propres yeux comment le confort au Nord a comme prix les souffrances et les sacrifices de tant de vies du Sud gaspillées dans l’humiliation et l’abjection. Bref, on ne peut pas avoir la conscience tranquille quand on voit le passé, qui semblait lointain et révolue, remonter du fin fond des caves des musées européens pour accuser non pas ceux qui ont été capables des injustices seulement mais ceux qui les perpétuent encore.
Dans ce sens-là, suffit-il qu’un pays fasse voter une loi pour se libérer du poids de la mauvaise conscience ? Restituer les restes du corps d’une femme dont le seul crime aura été d’avoir existé au mauvais côté et au mauvais moment de l’Histoire est-il jamais suffisant pour réparer ce qui n’aurait jamais dû avoir lieu. Tout pousse à croire que la réaction de rejet presque physique face à ces scènes relève de l’aveu de l’impossibilité de réparer quoi que ce soit. En refusant de voir les scènes d’exhibition répétitive de Sara Baartman, le public occidental avoue son échec à se regarder en face et reconnait un mal dont l’Occident est coupable.

Wednesday 29 September 2010

The Confiscated Image


Vanuit het Zuiden (in english From the South) and Middle East Culture announce the upcoming release of the new book by Hassouna Mansouri about the cinema of the South (The Confiscated Image):

L’Image confisquée : le cinéma du Sud, ce cinéma (de) subalterne

For more informations, please ontact :
Sillat Media
editor@sillat.com
Tel : +31756406771

Sunday 26 September 2010

L'Image confisquée, le cinéma du Sud, ce cinéma (de) subalterne


Le nouveau livre, L'Image confisquée, le cinéma du Sud, ce cinéma (de) subalterne, sera bientôt sur le marché. Pour commander dès maintenant votre exemplaire vous pouvez contacter l'association Vanuit het Zuiden - Amsterdam.

Vanuit het Zuiden (ou Depuis le Sud) est une organisation culturelle européenne qui réunit des artistes et des intellectuels de l’émigration installés en Europe. Elle est née de la volonté de défendre le droit à tous d’accéder à la culture mondiale et d’y contribuer. Elle entend mettre en valeur le rôle de l’émigration dans l’enrichissement des cultures européennes et celles du monde. Aussi entend-elle jeter les passerelles de la solidarité et de la tolérance entre les différentes communautés et sociétés à travers l’Art et la Culture.

Saturday 11 September 2010

Kechiche met la barre au plus haut.


A Venise la Tunisie est représentée par deux de ces enfants : Raja Amari est membre du jury de la section Horizzonti et Abdellatif Kechiche vient présenter sont quatrième long métrage, Venus Noire, en compétition officielle. Les deux réalisateurs sont en fait des habitués de la Biennale. Il y sont très souvent venus. Le nouveau film de Kechiche est particulièrement attendu cette année non pas parce que ce réalisateur a toujours eu du succès au Lido, mais parce que le sujet du film est extrêmement spécial cette fois.
Kechiche a choisi de raconter une histoire qui remonte au début du 19ème siècle. Mais il ne s’agit pas d’un film historique au sens traditionnel du terme. Les évènements commencent certes en 1815. Le film reconstitue par les costumes, les accessoires et les décors en effet l’atmosphère de l’époque. Mais Kechiche reste profondément plongé dans une actualité brulante, puisque son personnage meure à cette époque-là, mais il n’est enterré qu’en 2002. L’histoire est l’une des plus intrigantes de notre époque et l’une de celles qui traduisent avec une grande éloquence l’absurdité des rapports entre les différences.
Venus noire est l’histoire vraie de Sarah Bartman dite « Saartjie », une femme vraiment pas comme toutes les autres, pas comme nulle autre. Charles Baudelaire l’avait nommée « la maitresse des maitresses ». Dans sa vie elle en a vu de tout. Esclave chez les afrikaans en Afrique du Sud, puis domestique, elle est amenée à Londres pour être exposée comme une curiosité de foire. Ensuite elle fait l’objet des caprices de la hautes société parisienne avant de faire l’objet d’investigations scientifiques sur les traits curieux de son anatomie.
A cette époque le rapport final servit d’arguments pour les esprits tordus qui cherchaient à justifier leur comportement et politique colonialistes en s’appuyant sur des idées racistes et absurdes. Au début des années 90, et à la fin du régime aberrant de l’Apartheid, l’Afrique du Sud gouvernée par l’ANC, le parti de Nelson Mandella, réclame à la France les reste du corps de la femme au sort bizarre. Jusqu’ici les organes et les squelette étaient exposés au Musée de l’Homme à Paris et en était la propriété.
Il semblerait que la restitution symbolique de ce corps à sa terre natale avait suscité chez Abdellatif Kechiche une réflexion sur l’actualité des rapports entre le Nord et le Sud et plus précisément entre l’Europe, son passé coloniale, et sa politique actuelle à l’égard du continent noire. Sarah Bartman dans le film est plus qu’une réalité historique, elle est une réalité politique non pas au sens étroit mais au sens le plus profond. La Vénus noire est la métaphore de cette Afrique admirée, aimée mais aussi usée et exploitée jusqu’à l’os au sens propre et au figuré.
Depuis son jeune âge dans le petit village prés de Cup Town où elle est née, Sarah a servi des homme blancs. D’abord esclave, puis mariée à un afrikans qui la largue. Celui qui la prend comme domestique ensuite lui fait miroiter le succès et la gloire en la faisant monter sur scène comme un monstre exotique dans la foires européenne tout en lui faisant croire que c’est le chemin vers le monde du spectacle. Son corps qui devait être sa richesse en est devenu une malédiction. Après avoir été montré comme une curiosité, il servira de chaire à consommer dans les maisons closes des bas fonds parisiens. Ayant pris en elle tous les maux du monde, elle s’éteint alors qu’elle n’avait pas encore la trentaine.
Mais l’exploitation mercantile de ce corps magique ne s’est pas arrêtée avec la fin des souffrances de la vie. Au-delà de la mort, l’Europe et ses scientifiques, continuera a puiser ce qui est encore utilisable en elle. De son vivant, Sarah n’a jamais autorisé les scientifiques regroupés autour du professeur George Cuvier de s’approcher de ses organes génitaux. Lorsqu’elle est morte, l’Académie Royale de Médecine s’est procuré de la manière la plus minable la dépouille qui servira à justifier les inégalités qui sévissent encore sur l’ordre du monde. La mutilation du cadavre de la Hottentot Noire est présentée par Kechiche comme le viol le plus abominable à l’image de toutes les violences et les absurdités que l’Afrique continue de subir au nom de l’aide au développement. Plus qu’un film de reconstitution historique, Venus noire est donc une mise au point sur l’aberration des rapports entre les différences quand ceux-ci sont régis par la soif du pouvoir et du profit sans reconnaitre aucune limite.

La Chine n’est pas loin


Le tournant de la deuxième semaine de Venise aura été chinois. Dimanche le public a découvert un superbe Détective Dee dans le style des épopées chinoises à la Zang Ymou. Lundi, était le tour du film surprise qui s’avèrera être un autre film chinois, Le Fossé. Le premier avait créé le spectacle et avait réconcilié le public avec les grandes épopées haute en couleur, le second, une fois découvert fut une révélation poignante de tous point de vue sur une réalité des plus abjecte.
Il semble que les films chinois sont de plus en plus incontournables pour tout festival qui voudrait répondre à des attentes diverses et exigeantes. Détective Dee et le mystère des Fantômes brulants des frères Hark reste fidèle à la tradition perpétrée par ce qui s’appelait la cinquième génération des cinéastes Chinois. Dans un style complètement différent, Le Fossé de Wang Bing, prend le spectateur par les tripes et le met en face d’une réalité crue et une vie rugueuse. Ces deux films désignent à eux seules, les deux principaux sillons du cinéma chinois : l’épopée dans la continuité du théâtre traditionnel avec costumes et masques, et le film réaliste qui enregistre un mode de vie aux limites du vivable.
L’Inscription dans l’histoire lointaine du pays, les costumes, les chorégraphies et la dimension moralisatrice sont les ingrédients qui font toujours rêver les spectateurs. Le récit ponctué par des combats d’arts martiaux entre des personnage d’une beauté féérique donne un rythme au film hypnotisant. Ceci est le propre des films chinois qui remontent aux temps lointains, des grandes dynasties des empires d’antan. Les frères Hark ont choisi en plus d’articuler le tout sur une trame d’enquête policière commandée par la toute première impératrice dans l’histoire de l’ancienne Chine à un l’enquêteur mythique De Renjie, le Sherlock Holmes de la chine médiévale. Ils donnent à voir un film policier dans le moyen âge comme l’aurait fait Umberto Eco dans Le Nom de la rose sur un fond de cause et de thématique féministe très moderne.
Tout autre est le rythme et le ton du film de Wang Bing. L’époque contemporaine est peinte comme une époque de souffrance. Les personnages marchent lentement comme des fantômes sortis des tombes où ils sont enterrés au sens propre et figuré, ou rampent même comme des rats pour entrer dans les cavernes aménagées dans le sol en casemates d’ouvriers. On apprendra que ces ouvriers sont des cadres et des intellectuels condamnés aux travaux forcés comme ceux que Stalines envoyait au Goulag en Sibérie et d’où aucun ne revient. Les images ne sont pas du tout stylisées et le tournage se passe dans des décors naturels des steppes de la Chine profonde. Là l’Homme devient animal avant de fondre complètement dans la poussière glaciale du désert.
Voici donc deux styles de cinématographiques différents avec un seul objectif : peindre la chine. Chacun des deux cinéastes en a une. L’un remonte vers la Chine impériale du septième siècle, celles des empereurs et des preux chevaliers qui se sacrifient pour le souverain et au-delà pour le peuple. L’autre choisi de témoigner d’une réalité politique contemporaine à travers les camps de prisonniers politiques, qui pas plus loin qu’une paire de décennie, menaient à la mort la crème des intellectuels du pays au nom de la sacrosainte « Dictature du prolétariat ». Les deux se rencontreront enfin de compte au même point : comment le cinéma peut célébrer la grandeur et les contradictions de ce pays qui traversent son histoire de bout en bout.

Saturday 4 September 2010

Sophia Coppola donne le La


C’est parti en douceur à Venise. La 67ème Mostra internationale di Venezia n’a pas apporté de surprise les trois premiers jours. L’annonce de la sélection officielle, le jury présidé par la star américaine Quintin Tarantino n’avait pas provoqué de sensation remarquable. La confirmation d’un 23ème film en lice Essential Killing du Polonais Jerzi Skolimowsky, en attendant la révélation du 24ème retenu comme film surprise, n’attire pas vraiment l’attention. Et même la programmation d’un court métrage de 9 minute de l’Iranian Jafar Panahi n’a pas eu l’effet escompté interdit de voyage chez lui.
Les premiers jours étaient donc plutôt décevants. Le film d’ouverture Black Swan (Le Cigne noir) de Darren Aronovsky a été accueilli par une certaine froideur. Même les noms connus comme ceux de Dino Risi qui présenta son nouveau film Parfum de femmes et Bertrand Blier avec Le Bruit des glaçons n’ont pas pu donner le ton à l’édition 2010 de Venise. On s’attendait à quelque chose du coté chinois avec Tran Anh Hung qui présentait Le Bois Norvégien. On comptait surtout sur Miral de Julian Schnabel qui aurait pu susciter un petit remous par son sujet à sensation. Le film retrace l’histoire de l’affaire palestinienne et du processus de la colonisation israélienne à travers le parcours réel d’une journaliste américaine d’origine palestinienne. Aucune de ces possibilités n’a eu de prise sur le public de la Biennale.
C’est au troisième jours que les choses ont bougé. Il y a eu d’abord la pluie, beaucoup de pluie… On dirait un signe du ciel que des choses allaient se passer ce jour –là. Dès le matin, on pouvait voir les nuages s’accumuler au-dessus du Lido. On voyait l’orage venir, et il vint quelques heures plus tard dans la journée. La salle de presse était pleine de journalistes attablés pour écrire leurs dépêches annonçant le bon jour. Le toit commença d’abord à laisser passer quelques goutes et puis l’eau s’abattit d’un coup sur les ordinateurs et l’électricité fut coupée… le reste des articles sera dicté par téléphone aux rédactions en place comme au bon vieux temps.
C’est le charme de Venise. Chaque année on attend l’orage, on sait qu’il va venir. De la même manière on attend les bonnes surprises cinématographiques. Au troisième jour donc, l’orage vénitien est venu et avec lui le cinéma. Comme si le premier célébrait le second.
C’est sous l’impact des goutes d’une pluie torrentielle que nous avons regardé Somewhere (Quelque part) de Sophia Coppola. La fille du grand cinéaste Francis Ford Coppola n’a pas manqué à sa réputation, ni au nom de la famille comme à l’Italienne. Son nouveau film, produit par son frère Roman Coppola, fait sensation. Pourtant c’est un film sur l’ennui que vit un célèbre acteur hollywoodien. Le grand succès que connait Johnny Marco le jette dans une crise existentielle et le plonge dans l’univers lugubre de la drogue et des filles jusqu’à perdre le sens et le gout de la vie. C’est sa fille (11 ans) qui le récupère de sa perdition et la ramène en toute naïveté et douceur vers le sens authentique des choses et des sentiments réels. Et Sophia Coppola de traduire cette simplicité enfantine au moyen d’une mise en scène dont le dépouillement lui permet de gagner amplement en profondeur.
On a ressenti le même dépouillement dans l’autre belle surprise de la journée. Silent Souls (Les Ames silencieuses) du Russe Aleksei Fedorchenko. C’est aussi un film sur le sens de la vie. Le minimalisme au niveau du scénario et de la mise en scène n’enlève rien à la profondeur et à la richesse des sentiments décrits, et encore moins à la poésie qui se dégage des images et des voix. Un homme perd sa jeune femme. Il invite son ami et employé à lui rendre les derniers hommages incinérant son cadavre selon les us de la région. Tout en montrant le processus dans sa cruauté, Fedorchenko sonde les âmes de ses personnage à la recherche des profonds sentiments d’amour, d’amitié, de complicité,… le tout dans une atmosphère de grande poésie. Et au-delà, le film est une leçon sur la manière d’utiliser un matériaux du patrimoine mythologique local pour s’élever au niveau de l’universel sans perdre de pertinence et de richesse des messages.
Ainsi, deux cinéastes relativement jeunes (autour de 40 ans chacun) donnent le La à cette 67ème édition de la Mostra de Venise. On y prend gout et on attaque le reste des jours avec plus d’appétit cinéphilique. Surtout que la Tunisie y est représentée par deux de ces enfants. Abdellatif Kéchich vient présenter son nouvel opus Venus Noire en compétition officielle et Mustapha Hasnaoui avec sa complice Marianne Khoury sont inscrits dans la section Horizzonti avec leur documentaire Zelal. Mais il reste qu’au quatrième jour le film le plus attendu est Lettre à Elia de Martin Scorcese, un documentaire à la mémoire du grand cinéaste Elia Kazan…. Il y a donc encore des choses à voir.

Thursday 19 August 2010

An Iconoclast named Mostafa Heravi


Iconoclast is the closest word to define the work of Mostafa Heravi. He is an artist who goes beyond borders. It started with his jump from Iran in 2000 when he decided to leave his country and settle in the Netherlands, Amsterdam precisely. But this migration is not only physic neither objective. Young already, Mostafa Heravi was a kind of recalcitrant. He felt like not fitting in what/where he was living. The country was too tight for him and the studies and the traditions (social and artistic) surrounding him where suffocating. That’s why he made the big step…
The prestigious Gerrit Riedveld Academy from which he graduated in 2007 initiated him perhaps to modern arts. The Iranian Art school came earlier to strength the family artistic influence mainly of his father who was a calligrapher. But what Heravi is doing goose further than any kind of schoolish theory. That why it is difficult to find an easy way to describe his work. traveling between different cultures and artistic backgrounds, his style is made also of a flirt between arts and mediums.
Asking him wloud not help, because he is not enough into rationality to be able to give you an entrance to his world of inspiration. You have to follow him, in his perversity to the depth of his hell, or his paradise… in one word you need to go he will lied you. For that there is one condition, before entering you need to leave all you rationality and structured ways of thinking and seeing. Like a modern mystic, Heravi invites you to open your mind and heart to a different experience.
You could expect his work to be a film. It is indeed,… but even more. You think it is a video clip. You are right, but still a bit more. A video installation! Also… you are not far… but you didn’t really neither get it. Somewhere between all these mediums and in addition to an obvious plastic influence Heravi gives his work the stamp of visual experimentalism. Not in the sense of genre, like when we talk about experimental cinema, but in the philosophical meaning of a continuous research of a magic substance.
You can, if you want, refer to Michelangelo in “Sin”, or indirectly to Claude Monet in “Fall” like his Waterlelies and to the landscapes of Vincent Van Gogh when you see “Spring Crane”, but there will be always a special touch to push you fare away from any “ sentiers battus”. With Heravi you will walk where nobody else, or quite nobody, ever walked.

Friday 9 July 2010

« Tout ce qui est grand m’appartient »

En réaction à l’article de notre collègue Alcény S. Barry que je trouve assez constructif bien que je ne puisse le suivre dans toute son argumentation. Mais son interpellation mérite d’être débattue au niveau de notre réseau. C’est en effet, en engageant des discussions de ce genre entre critiques africains que nous pourrons réinventer la critique et le cinéma comme il le dit. Et Africiné est né et existe pour cela. D’abord je le remercie pour l’intérêt qu’il a accordé à mon texte et pour avoir essayé de mettre l’accent sur un point que je voulais aussi souligner : la profondeur tragique de L’Homme qui crie, le nouveau film de Mahamat-Saleh Haroun.
Sur ce point nous sommes tous les deux d’accord, je trouve. Que la matière tragique « Tchadienne » ou « Africaine » vaut toute autre matière, là aussi nous sommes d’accord. C’est même le sens de la réflexion que j’ai essayé de formuler dans mon article non pas en faisant des personnages du films des clones des personnages mythiques « occidentaux » ni en appliquant une grille narratologique « occidentale ». Ce serait trop naïf.
Quand il s’agit d’art et de pensée l’Occidental en soi, ou l’Africain en soi n’ont aucun intérêt. C’est le sens de la démarche de Pasolini quand il adaptait Les mille et une nuits, ou en formant le projet d’une Orestie africaine… C’est aussi l’idée de Peter Brook en allant vers le fond culturel indou à travers son œuvre majestueuse le Mahabhrarata. Les idées n’ont pas de frontières, pensait Youssef Chahine dans le Destin et qui disait ailleurs : « Tout ce qui est grand m’appartient ».
Pour ma part, il est tout à fait légitime qu’un cinéaste africain puise dans une matière non africaine pour réaliser des œuvres personnelles. Encore une fois je ne sais pas si c’est le projet de Haroun. Par contre quel serait, sinon, le sens d’une œuvre aussi importante que Hyènes réalisée par Djibril Diop Mambéty en 1972 avec Ami Diakhaté et Mansour Diouf. Ce film est inspiré sans aucun complexe de la pièce La visite de la Vieille Dame du dramaturge suisse Friedrich Dürrenmatt. La même pièce avait auparavant inspiré La Rancune (The Visit est le titre anglais) en 1964, un film de l’Autrichien Bernhard Wicki, avec Ingrid Bergman et Anthony Quinn.
En effet, mon intension l’article sur L’Homme qui crie est de défendre la dimension universelle du film. C’est ma conviction et je l’assume. J’estime que tout artiste ou critique ou intellectuel du monde entier devrait s’en réclamer en toute légitimité. L’universalisme ne signifie pas le mimétisme d’une culture hégémonique mais le dépassement de toutes formes de frontières. C’est là le défi et c’est là où je ne suis pas notre ami Barry.
Je suis Africain non pas parce que je suis en opposition avec l’Autre (Européen en l’occurrence). Mais nous contribuons tous au « Génie Humain » et je ne devrais en aucun cas avoir de complexe à puiser mes outils d’analyse et de réflexion dans n’importe quel fond culturel. Il se trouve que la matière, dite Européenne nous est, nous africains, plus proches que d’autres à tel point que les différentiations paraissent souvent forcées, pour ne pas dire inappropriées. Cela revient à des facteurs complexes d’histoire, de géographie, de politique, … et de rapport de forces etc..
J’ai eu recours à la matière tragique grecque comme des schèmes mentaux de représentation qui en fait ne sont pas propres à l’Europe. Le tragique est un fond humain et Barry a raison de le retrouver dans la réalité même du Tchad. Haroun a essayé, je pense, de représenter cela par le cinéma. Il n’a peut-être pas nécessairement pensé aux mêmes éléments que moi. Ce qui manque c’est que notre ami Barry puisse aller plus loin dans sa réflexion et nous montrer la portée intellectuelle et culturelle du tragique au-delà des faits et comment cela se traduit ou pourrait se traduire par des formes d’expressions artistiques. C’est un champ d’investigation digne d’intérêt et je le remercie de pousser dans cette direction.
Après des années, voire de décennies, de travail sérieux sur le rapport de l’Occident au reste du Monde, Edward W. Said déclarait n’avoir pas d’Orient en soi à défendre. Et Achille Mbembé, le philosophe camerounais le suivra plus tard en poussant plus loin encore cette approche postcolonialiste des rapports entre les cultures. Rien n’existe en soi. Le métissage, culturel du moins, est le salut de l’humanité. Le multiculturalisme n’est pas un choix c’est un fait qui dépasse tout volonté. La pureté est à l’origine de tous les fascismes.

Sunday 13 June 2010

Life above all by Olivier Schmidtz (South-Africa)

A Call for life
Few weeks before the Football World Championship, everybody is looking to South Africa as a host of the most popular event. The participation of the south-African cinema in Cannes could quite not be seen despite a real effort and presence of a film in an important competition.
In Un Certain Regard, a parallel section but a part of the official selection in Cannes film festival, Olivier Schmidtz (Cap Town, 1960) presented his new feature called Life, above all. He was the third African film maker in Cannes this year with the Chadian Mahamat-Saleh Haroun and the Algerian Rachid Bouchareb.
Schmidt is well known as an engaged film maker. His previous feature, Highjack Story (2000) was a statement against violence and poverty in the suburbs of Johannesburg.
Already with the first participation in Cannes with Mapantsula (1988) Olivier Schmidtz showed that he wants to use cinema as platform of denunciation of all south-African society pains. Mapantsula was then a scream against the injustice and the absurdity of the racist regime of Apartheid.
South-African film maker was proud to be in the biggest international film show case. “It is the fourth time I am in selection in Cannes, he said to the press, but you do not get blasé about it because it’s really the cream of what happens every year in the film world”.
Nowhere else, a film crew would like to be in fact. Greg Buckle, the Co-producer pointed the importance of being in such a film event and meets a special audience “So far it’s been a great exposure, watching the reaction of people coming out of the cinema.”
The new film is quite a touching story about prejudices, sleekness and poverty. The protagonist, Chanda, is only 12 years old. However she is force to challenge the whole society in her small dusty village near Johannesburg.
The young girl has to face a very bad time. Her newly-born baby sister dies. Her father accuses the mother to be the cause of this los. He dies from alcoholism. Soon later, the mother is seek and accused by the village to be a source of devil. She has to leave and go to die alone far from any human life.
....
Full text on www.africareviews.kn www.africine.org

Wednesday 26 May 2010

Le droit de Penser tragique





L'Afrique subsaharienne est de retour à la compétition officielle du festival de cannes après treize années d'absence. Le Tchadien Mahamat-Saleh Haroun en est le porte-drapeau avec Un Homme qui crie, son quatrième long métrage. Très souvent la présence de l'Afrique sur la scène cannoise et internationale en général a été accompagnée d'un constat d'absence, voire même d'ignorance, quand ce n'est pas d'une contestation encore plus franche et surtout naïve. Le discours de Haroun semble dépasser ce que l'on pourrait appeler ce complexe. Il se situe au niveau de l'universalité de l'expression artistique, en toute légitimité mais aussi en toute lucidité et sens de la responsabilité intellectuelle.

Quel sens pourrait avoir la place que l'on ferait ou voudrait faire à l'Afrique subsaharienne ou nord-africaine ? Se réclamer du principe de quota ? C'est absurde et cela ne sert en rien le cinéma ni les cinéastes africains, ni ceux du Sud, ou de la périphérie diraient certains. Tout le sens de la démarche cinématographique de Mahamat-Saleh Haroun à nos yeux serait dans cet élan de transcender toutes formes de lignes de démarcation et ne pas rester prisonnier de ce que Gramsci appelait le "subalterne".

L'histoire de Un Homme qui crie est tchadienne. Toutes celles de ses films antérieurs, sauf celui fait pour la télévision Sexe, Gombo et beurre salé (à Bordeaux, France), ont lieu au Tchad et sont tournées là-bas. Non pas qu'il s'agisse de folklorisme, non pas par souci d'authenticité non plus. Nous dirions même que c'est par idéologie, au sens fort du terme. Vouloir se placer au niveau de l'universel revient à mettre toute son énergie dans la mise en valeur de ce qu'il y a d'humain, de fondateur dans toute expérience humaine.

Osons le raccourci ; Haroun pourrait-il être l'Eschyle ou l'Homère de l'Afrique ? La forme interrogative de ce raccourci dit tout le ridicule de la comparaison bien évidemment nonobstant les clins d'œil qui ponctuent le film renvoyant aux origines du patrimoine narratif humain. Il s'agit toutefois d'essayer de cerner les contours d'un projet culturel, au sens large du terme, d'un cinéma qui cherche à se constituer un ensemble de valeurs culturelles, morales, esthétiques, politiques… fondatrices tout en s'inscrivant dans le sillon universel.


pour lire la suite : http://www.africine.org/?menu=art&no=9489

Wednesday 19 May 2010

Jafar Panahi



Panahi's hunger strike is in reaction to psychological torture where he has been told that the 'Guardians of the Holy Regime' will take his wife and children as hostage and will put them in an insecure prison among dangerous criminals.

What else could Panahi do other than go on a hunger strike?

Sunday 16 May 2010

Benda Bilili inflames the French “ côte d’Azur ”



It is not very often that a film festival opens with a documentary. But this was the case this year in Cannes Film Festival, but not in the official programs. The Director’s Fortnight, a parallel section dedicated to the authors, opened with Staff Benda Bilili, by two French film makers: Florent de la Tulley and Renaud Barret.

The opening ceremony was actually particularly animated. After the tribute given to french female film maker Agnes Varda who received the annual price given by the French guild of film makers, “Carrosse d’or”, the group of musician was invited to the stage. They didn’t play any music, they only saluted the public. Music, that’s what it will be about in the movie. The ovation after the screening witnesses of the deep effect the film got on people.

Staff is a group of handicapped musician who grow up in a poor neighborhood in Kinshasa (Democratic Republic of Congo). The spontaneous music they play, a mixture of rumba, blues, and reggae… will highjack them on the international stage of the most famous musical scenes al over the world. The film tries to show how the dream of these guys became a reality.

In fact the dream of Riky, the head of the group, was not so ambitious. His vision was more local: all what he wanted is to bring the bend to celebrity in Kinshasa , and perhaps in Congo . He could not guess that their music is going to be appreciated abroad and have such a success internationally.

The young Roger, “a street child” had only one little ambition: to join the group of the stars of the ghetto. He was going to be a little thief, a member of gang, a criminal perhaps; he is now a star going around in the big European cities playing music, getting money, enjoying meeting people and sharing nice moment with everybody.

It sounds like a folk story but it was not so simple. The group had to struggle against the pitfalls of the street. Their place, a centre for handicapped people where they were staying is destroyed by a fire. Could they ever hope that they will make it? They cold because they stayed united and believed deeply in their music.

The two film makers followed them for five years from the first rehearsal until their world tour. Now the documentary is showed in the most important film festival in the world. The group is going to perform in the Fnac (French famous book and CD store). They getting more and more known and appreciated.

Nevertheless ether is a hic. What is attracting in this experience? Is it the talent of film making? Is it the music? Is it the fact that these musicians are handicapped? Or, is a message of hope to spread?

The fact that these guys could make it is nice and it is a sign of hope. This is sure. The same with the good intention of the film makers to spread this hope and give a tribute to the fight of these men.

Nevertheless, we must be honest also. The music is not particularly original. It is very lively with a lot of nice rhythms but really very simple. The group is not inventing any special music only putting together what we know already. One could easily admit that what people appreciate that some handicapped men can play music correctly with some sensational gestures.

Nothing special neither on the level of film making. The directors followed the group trying to reconstitute the story that’s it. It is as if to say that the film is made to say “look they also could do it”, nothing more. And this is also an honest and respectful attitude towards the group itself.

To say it briefly, the film is for sure useful. On the one hand, it helps to make the bend more known. On the other hand, it has a kind of message: handicap and poverty are not a fatality. Whenever there is a will, it is possible to get over. However, we have to be aware not to mix up charity, compassion and appreciation of an art work whether it concerns the bend of musicians or the film made about it.

Bouchareb écrit au Festival de Cannes


Encore un cinéaste est persécuté par les forces obscurantistes et intolérantes. Après Polanski et sa poursuite par une police américaine aveugle, après Jafar Panahi et son emprisonnement par le régime d'Ahmadi Nejad en Iran, est venu le tour de Rachid Bouchareb, réalisateur franco-Algérien dont le film est présenté en compétition à Cannes. Le crime de ce dernier : « faire un film contre la France » ou dans une autre version : « Qui nuit à l’image de la France ». Quoi de plus absurde qu'une vision aussi étriquée et aussi ignorante de tout sens de la nuance de la part des politiques qui se réclament d'une tutelle injuste et hypocrite sur l'Art. Le comble c’est que ceci se passe alors que le film n’est pas encore projeté et les auteurs des ces accusations ne l’ont donc pas encore vu.
En réaction à cela et pour essayer de calmer les âmes et inviter tout le monde à un débat civilisé et respectueux de l’Art et de la liberté d’expression, le réalisateur est sorti de son silence en envoyant une lettre ouverte à la direction du festival de Cannes qui l’a publiée sur son site officiel.

« Depuis trois semaines, une polémique précède la présentation à Cannes de mon film Hors-la-loi, alors que ceux qui participent à cette polémique n'ont pas vu le film... Devant de telles passions et dans un souci d'apaisement, il m’apparaît important de rappeler deux choses :

- Hors-la-loi est un film de fiction, une saga qui raconte l’histoire de trois frères algériens et de leur mère sur une période de plus de trente-cinq ans, du milieu des années trente à l'indépendance de l'Algérie en 1962.

- Il faut qu’il soit possible que le cinéma aborde tous les sujets. Je le fais en cinéaste, avec ma sensibilité, sans obliger quiconque à la partager. Après les projections, il sera temps que le débat public se déroule. Attaché comme je le suis à la liberté d’expression, il me paraît normal que certains puissent être en désaccord avec mon film, mais je souhaite que ce désaccord s’exprime dans un cadre pacifique et dans la sérénité du débat d’idées.

Pour le monde entier, la France est une terre de liberté et je suis particulièrement fier d’y montrer mon film, dans le plus prestigieux des festivals. Je souhaite que cette projection se fasse dans le respect mutuel et dans un climat serein. (fin de citation)»

Rachid Bouchareb

Staff Benda Bilili enflamme la croisette.


Les premiers jours du festival les noms les plus attendus étaient ceux de Russell Crowe, Michael Douglas,… Mais l´effet que leur passage a laissé est bien faible comparé à celui des outsiders. Après les actrices grotesques aux rondeurs felliniennes de Mathieu Amalric dans Tournée, ce fut le tour des inconnus Congolais qui ont enflammé la scène de la quinzaine des réalisateurs. En effet, l’ouverture de cette section parallèle du festival de Cannes a consisté en deux moments de sensation. Il y a eu d’abord, l’hommage de la réalisatrice française Agnès Varda qui recevait le Carrosse d’or de la part de l’Association Française des réalisateurs de film. Et puis ce fut le film d’ouverture, Staff Benda Bilili des deux français Renaud Barret et Florent de la Tullaye, qui a eu un accueil très particulier.

En effet, la programmation de ce film pour ouvrir la quinzaine des réalisateurs est un événement en soi. Ceci est dû à plus d’une raison. D’abord, cela vient à un moment particulier. Cette année est la première après le départ d’Olivier Père, l’ex délégué de la section. Le nouveau directeur artistique, Fréderic Boyer, semble mettre sa propre empreinte. Ensuite il n’est pas de coutume d’ouvrir la section avec un documentaire, qui plus est parle d’un sujet africain : un groupe de musique venant de Kinshasa qui a un succès extraordinaire. L’élément le plus attachant c’est que tous les membres de ce groupe sont des handicapés.

Le film accompagne le groupe pendant plusieurs années. Il les décrit dans leur vie quotidienne dans les cartiers les plus démunis de la capitale de la République Démocratique du Congo. Avec eux, un portrait de la société congolaise est fait et la place de ces musiciens de fortune est définie. Ensuite, on accompagne le groupe dans les moments de crise après l’incendie qui part avec le centre d’accueil des paraplégiques. Enfin le groupe part en tournée glorieuse en Europe.

On ne peut résister à la force des images. D’une part celles des handicapés ne peut laisser indifférent. D’autre part, la musique qu’ils jouent est enchantant quoique l’on dise. Mais dans ce mélange, il comme un soupçon de méfiance : Où situer l’intérêt du film ? Le fait de filmer des handicapés n’est jamais innocent. C’est là une idée vieille comme le monde. Si l’image est importante, dans quelle mesure son effet est indépendant de la musique ? Et dans quelle mesure elle la met en valeur plus qu’elle ne l’utilise ? Été il en est de même de l’image des personnes faibles. La bonne volonté ne nous laisse exempt d’une attitude de pitié.

Tout ceci pour dire que le film est peut-être utile mais il est loin de présenter un discours cinématographique en tant que tel. L’image du handicap n’est pas vue de la même manière selon que l’on la considère du point de vue africain ou du point de vue Européen. Le handicap fait partie presque de la vie en Afrique alors que pour l’Européen, c’est un cas exceptionnel, hors norme réduisant la personne à un être faible qui a besoin de traitement spécial. Le regard des réalisateurs qui sont français, tout en admettant leur bonne volonté, subit le double poids de la pauvreté et de la paraplégie. Il en est de même de l’appréciation de la musique : on est moins sensible à un vrai talent qu’à la possibilité qu’on des handicapés de jouer une musique bien rythmée et pleine de vie.

Bref un film bien utile certes, mais il est bien pauvre en cinéma. Cela dit le groupe a bien animé la croisette après avoir animé les grandes scènes musicales européennes. Le film servira à les faire connaitre encore plus, il y aura bien des retombés sur les cartier d’où les musiciens sont sortis, et surtout il aura servi a attirer les regard vers la Quinzaine des Réalisateurs. Les puritains n’y verront pas du bon cinéma mais ne pourront ignorer la joie que ce film transmet ou laisse espérer. Et puis, aprées tout un festivaql de cinéma est aussi une fête, Staff Benda Bilili aura bien rappelé cela dans une atmosphère maurose sous l'effet de la crise et des tensions politiques.

Thursday 13 May 2010

Amalric, tout simplement magistral


Le coup d’envoi du 63ème festival de Cannes a été donné dans une atmosphère de suspense très tendue. Les derniers films de la compétition furent annoncés quelques jours seulement avant l’ouverture. Mais outre le contenu du festival à proprement parler, ce sont les à-côtés de cette édition 2010 qui animent les discussions des festivaliers et font sensation, alors que la fête ne fait à peine que commencer.
Il y a d’abord la nature. Le volcan Islandais s’est encore réveillé à quelques jours du festival inquiétant ceux qui ont l’intention de survoler les continents pour se rendre à la côte d’Azur. Heureusement seule le Nord de l’Espagne est immobilisé en termes de trafic aérien. A quelques jours du festival Nature a frappé aussi plus proche ; des vagues de 10 mètre de la méditerranée se sont abattues contre les plages de la croisière faisant des dégâts chez les restaurateurs les plus renommés. Mais au moment de l’ouverture juste quelques traces insignifiantes de cette agitation non ordinaire se laissaient encore voir.
Il y a ensuite la politique. La polémique autour du cinéaste Iranien Jafar Panahi alimenté l’actualité du festival depuis que les organisateurs avaient annoncé de l’ajouter dans la liste des jurés. Sur la scène de la cérémonie du festival, un siège est resté vide parce que le cinéaste est empêché de se rendre au festival. La deuxième polémique n’a pas non plus manqué de médiatiser encore plus l’actuelle édition. Le boycott officiel du festival par le gouvernement italien à cause la programmation du documentaire sr le séisme de l’Aquila il y a un an n’a aucun effet sur les choix des sélectionneurs. Il semble que l’art a une logique que la politique ne peut comprendre.
Malgré tout cela la sensation reste d’abord cinématographique, à Cannes. Devant le majestueux palais des festivals la foule des professionnels et des curieux était grande comme d’habitude. Les salles sont pleines à craquer pendant les premières projections avant même l’ouverture officielle. Déjà les rues sont pleine d’homme et de femmes qui vous rencontre avec un sourire sollicitant et un carton sur le quel est écrit dans des formes et des couleurs différentes et de toues les fantaisies : « Une invitation pour Robin Hood ». devant le palais, une foule de femmes bien maquillées et habillées pour la fête et des hommes habillés en noires et blanc, le smoking étant de rigueur protocolaire, remplissent la place comme s’ils attendant d’être admis dans une demeure sacrée. En fait ce n’est pas très loin de la vérité.
Les deux films qui ont ouvert le bal cette année sont Robin des Bois de Ridley Scott et Tournée de Mathieu Amalric. Le premier ouvre officiellement le festival ; le second est le premier film de la compétition 2010 à passer devant la paresse. Si l’accueil réservé au premier est plutôt froid, le second a suscité quelque admiration.
Le réalisateur anglais avait suscité beaucoup de d’attente en se proposant de reprendre encore une fois la légende de ce voleur juste qui prenait aux riches pour donner aux pauvres. Pourtant son approche est fondamentalement différente de toutes les autres adaptations précédentes. Il ne raconte pas l’histoire de ce personnage légendaire, mais il remonte au moment ou la légende est née. Le film finit sur la fuite de Robin de Longstride dans les bois après avoir vaincu les français sur les côtes de la Manche. Le film finit donc là où la légende commence.
Quant à l’enfant gâté du cinéma français, il a laissé une impression plutôt positive. Connu comme un excellent acteur surtout dans les rôles tragique ; Mathieu Amalric, est aussi un réalisateur et un bon. Pour son nouveau film dans lequel il interprète le rôle principal, il a choisi de revisiter le monde du show bise. Une troupe de femmes, à la corpulence fellinienne, donne un spectacle burlesque dans les grandes villes françaises. Le producteur, porte un défi et une idée du spectacle. Il s’érige contre le système de l’audiovisuel sans âme et propose une alternative de vie, de sentiments vrais et authentiques. Mais le drame c’est que son alternative est condamnée à rester marginale. C’est pourquoi la troupe ira dans les grandes villes portuaires : La Rochelle, Nantes, Bordeau… Mais n’entrera pas Paris.
Le cinéma français démarre avec une bonne sensation. Le film d’ouverture, une épopée hollywoodienne pas plus, est déjà oubliée et le film est en salles. Le festival a encore d’autres promesses. Et ce ne fut que la première journée, et demain est un autre jour.

Monday 19 April 2010

Il fut aussi Tunisien.


La nouvelle est arrivée lundi matin sur tous les bureaux de la Presse mondiale relayée par l’AFP : Sotigui Kouyaté n’est plus. Encore une perte pour l’Afrique. Pourtant Sotigui n’est pas seulement africain. Son talent a dépassé toutes les frontières, mais il avait porté son continent en lui. Depuis cette date fatidique, les professionnels africains, ceux qui avaient un intérêt à la culture africaine et ceux qui avait connu personnellement l’acteur se sont échangé les condoléances comme s’ils faisaient partie de la même famille.
A Tunis, les professionnels du cinéma et du théâtre ont décidé d’organiser une cérémonie spéciale de recueillement en hommage à l’artiste et l’ami de la Tunisie. Les deux dernières années il l’avait effectivement fréquemment visitée. Eté 2008, il venait partager en toute modestie sa sagesse et son humanité avec les jeunes de Hergla lors des Rencontres Cinématographiques de Hergla. Quelques mois plus tard un autre festival, Les Journées Cinématographiques de Carthage, lui rendait hommage. Un peu plus tard il retrouve la Tunisie pour le tournage avec Nouri Bouzid dans le cadre d’un court métrage Errance destiné au troisième Festival Panafricain d’Alger qui aura lieu en juillet 2009.
Il est donc naturel que les professionnels du septième et du quatrième art lui rendent un dernier hommage. Les Rencontres Cinématographiques de Hergla et le cinémafricart se sont associés pour organiser une soirée d’adieu à l’artiste. Mercredi soir, les artistes de Tunis ont été invités pour venir se recueillir autour des dernières images éternelles que l’artiste à léguées à la Tunisie, celles de ses différents passages.
Le programme comportera deux parties : la projection du court métrage de Nouri Bouzid et le portrait de l’artiste fait par un autre talent africain Mahamet Saleh-Haroun intitulé : Sotigui Kouyaté, un griot moderne. A la suite de cela place sera faite aux témoignages de personnalités du monde de l’image : dont Fadhel Jaaibi, Tahar Chkhaoui, Mohammad Challouf, Nouri Bouzid entre autres. Rappelons que la même journée, la dépouille du défunt est transportée au Burkina Faso où il sera inhumé auprès des siens. Mais pour les Tunisiens, il aura été aussi des leurs

Saturday 2 January 2010

Liberté à tout prix


Le numéro de décembre des Cahiers du Cinéma est d´un contenu très particulier. Non pas parce que c’est le dernier numéro de l’année et que, comme le stipule l’habitude, il contient un recensement des meilleures productions cinématographique de l’année, mais c’est surtout par le dossier spécial consacré à Tetro le nouveau film de Francis Ford Coppola. Pourtant, le film ne vient pas en tête des top dix des rédacteurs de la revue. Or, en faisant cela, l’équipe de la revue française ne rend pas seulement un hommage à l’un des grands maitres du septième art de notre temps, mais elle met en relief une expérience cinématographique authentique. Cela n’est pas sans rappeler la polémique qui avait entouré son absence de la compétition officielle au Festival de Cannes et sa programmation en ouverture de la Quinzaine des Rélaisateurs.
Un film qui suscite tant les débats et les désarrois ne peut pas manquer d’intérêt. Dans le parcours de Coppola, Tetro constitue un tournant qui suscite une attention particulière. Son auteur ne manque pas de gloire morale, ni de succès commercial. L’Histoire du cinéma retiendra les titres de ses films comme le Parrain (I, II, III), Apocalypse now, Rusty James etc… comme des chefs d’œuvre incontournables qui auront marqué et l’esthétique du septième art et l’histoire des habitudes de la consommation de l’image. En effet, tous ont imposé un respect incontestable et ont réalisé des bénéfices des plus importants dans l’histoire de l’industrie hollywoodienne. C’est que Coppola a su trouver la bonne équation entre l’implication personnelle en tant qu’auteur et le flirt avec la machine de Hollywood. Il a fait des compromis quand il a fallu, mais il a toujours pu prendre du recul et se préserver un espace de création qui lui garantissait la marge d’indépendance dont il a besoin.
Il semble que la production de Tetro soit l’une des expériences où le cinéaste a voulu être le plus indépendant possible. Cela est d’autant plus difficile après plusieurs productions typiquement industrio-commerciales. L’on sait combien cela est difficile pour celui qui n’a pas le moindre problème à se faire recruter par les grandes maisons de production sinon sa volonté de liberté et son droit d’artiste. Il y va d’une force de caractère extrêmement grande pour décider de se passer du luxe de la production hollywoodienne et de s’engager, bien volontiers, dans une production indépendante dans tous les sens du terme. C’est que la logique de la production dépend profondément d’une idée du cinéma, en cela réside la leçon que l’on peut tirer de l’expérience exceptionnelle de Coppola et de son film Tetro.
S’il ne fallait retenir qu’une leçon sera bien celle de l’indépendance à tout prix. Pour cela l’auteur d’Apocalypse now revient à l’esprit qui l’animait quand il était jeune et qu’il créait sa propre société de production en dehors de Hollywood, American zoetrope. C’est avec les moyens de cette compagnie et son argent personnel de son entreprise viticole que le film a été produit. Cela signifie donc réduire les possibilités techniques au minimum en fonction des implications budgétaires. Il est inimaginable, ou presque, de penser que Coppola, tourne un film avec du matériel qui puisse tenir en un seul camion. Même en Tunisie cela serait une affirmation risible. Pourtant, c’est ce qu’affirme l’auteur et ses deux principaux complices, Mihai Malaimare Jr son chef op et Walter Murch son fidèle monteur.
Tout simplement, la logique de Coppola dans Tetro « faire du grand avec du petit », est en entière opposition avec celle de la machine hollywoodienne « il faut du grand pour faire du grand ». La nouvelle technologie vient répondre à cette orientation. Coppola choisit, encore un fois après L’Homme sans âge son film précédent, de recourir à la nouvelle technologie en tournant avec des caméras numériques. Le matériel de prise de vue qui coûte le moins cher et qui nécessite moins de techniciens. On pourrait dire : c’est donc pour cela qu’il a choisi un jeune directeur de la photographie de Roumanie. Oui, mais il se trouve que ce chef op. est spécialiste des tournages en pellicules classiques, 16 et 35 mm. Il a appris la maitrise de la technologie numérique sur les deux tournages de Coppola qu’il a assurés. Le tournage s’est donc bien fait en numérique mais avec l’esprit argentique. C’est donc là que réside la clé du rajeunissement que l’on trouve dans le film en plus d’un contenu qui pette d’énergie.
Il en va de même avec le montage. Coppola retrouve son vieux complice, Walter Murch son monteur sur Apocalypse now en 1979 et le Parrain III en 1990. Cette fois il l’emmène dans une aventure numérique. Toutefois, révèle-t-il dans l’entretien accordé aux Cahiers du Cinéma, il n’avait jamais eu le luxe de visionner ses images sur un écran de sept mètres de large. Il faut être complètement libre pour se permettre ce genre de caprice de mêler le final cut, le logiciel numérique de montage, et le visionnage sur un grand écran et non pas sur un écran d’ordinateur ou sur une maviola. Même si le coût d’une telle manœuvre n’est pas important, jamais une production puritaine d’Hollywood n’accorderait cela à un monteur. Cela nécessite une logique de liberté de création qui est hors de portée de l’esprit de la banlieue de Los Angeles.
Pour que Tetro ait toute cette fraicheur et tout ce punch, il fallait le débarrasser de la rouille qui s’est emparé des systèmes de production et a atteint même les neurones créatrices de beaucoup de cinéastes se laissé corrompre par une machine sans âme. L’opération de dégraissage s’est faite grâce à la révision de la logique de production et delà à se procurer une grande marge de liberté au niveau de l’écriture. La technique est venue servir un esprit et on pas le corrompre et l’asservir. La technique est, ou pourrait être, à la portée de tout le monde. Ce qui fait la différence c’est ce que l’on fait avec et l’esprit dans lequel on le fait. Coppola, vieux routard des grosses productions, cinéaste de la plus vieille génération de cinéastes qui existent encore, n’hésite pas à utiliser la nouvelle technologie ni à s’adapter à son temps. Cependant, il ne se laisse pas emporté par l’air du temps comme on dit généralement de ceux qui fondent dans la facilité. La force de son art, Coppola la tient de sa capacité d’imaginer et de penser sans se laisser corrompre par la tentation du luxe auquel il pourrait facilement accéder.