Tuesday 6 January 2009

Souleymane Cissé, le retour d’un vétéran


L´édition 2008 des Rencontres Cinématographiques de Bamako aura apporté une bonne nouvelle. C´est avec cette session que Souleymane Cissé signe son retour avec son nouveau film, Minyé ( en bambara, ce qu´on est..). Après Molaadé de feu Ousmane Sembène qui traitait de l’excision, le cinéaste bamakoi revient sur un autre complexe des société africaine, la polygamie.
Comme plusieurs cinéastes africains, Cissé est connu par son engagment pour le cinéma. C’est à ce titre qu’i ls’est associé à Martin Scorses pour la créer la fondation World Cinemaqui vient de restaurer le chef d’œuvre de Djibril Diop Mambetty Touki Bouki. Il est aussi un fervent engagé pour l’Afrique et considère le cinéma comme un agent de développement et de construction des nations africaines.
le réalisateur Malien passe pour le cinéaste de la dignité africaine. On citera toujours volontiers l'épisode de la Côte-d'Ivoire dans Waati. Le film est mis sous le signe de l'acquisition du savoir. D’un côté, il est occidental, moderne matérialisée par : l'université, le cours, le professeur, la soutenance de la thèse... D’un autre côté, il relève de l'enseignement traditionnel représenté par le maître de la cérémonie « Rasta ». Ces deux sources du savoir sont traitées de la même manière, c'est-à-dire avec une certaine distance ironique. Cissé met l'accent sur la prétention des détenteurs de savoir : le professeur pour le côté moderne ; le maître de la cérémonie pour le côté traditionnel. Il s'agit pour Nandi de trouver sa propre voie en investissant le cadre moderne par la mise en valeur d'un élément culturel traditionnel.
Il en va de même pour un autre grand cinéaste africain, Oumane Sembène. Dans son dernier film réalisé avant de s’éteindre il y a bientôt deux ans et après avoir donné une leçon magistrale de cinéma du haut de la tribune du festival de Cannes, il représente une Afrique qui détient l’antidote des poisons qui la rongent. Mooladé était fondé sur la pratique absurde de l’excision que « l’ainé des anciens », comme les compagnons de route aimaient l’appeler, a érigé en un mal que l’Afrique est capable de vaincre par sa propre force, celui de son autre tradition du mooladé, sans recourir donc à aucune aide externe.
Dans la jeune génération, il y a aussi des cinéastes qui croient en cette force que l’Afrique a. Quelques uns se plaisent à faire de leur africanité un folklore qui caresse le regard des européens même quand il prétendent secouer le fardeau des tabous. Tels sont des films comme ceux qui posent non pas le problème de la femme mais la femme comme problème dans les sociétés africaines. On citera volontiers des cinéastes comme Farida Benlyazide (Maroc) Moufida Tlatli et Nadia Féni (Tunisie), Djamila Sahraoui et Yamina Chouikh (Algérie). Le hommes eux se spécialiseront dans les messages politiques : La Chambre noire de Hassen Benjelloun, Les Sabots en or de Nouri bouzid etc. Dans la majorité des films africains, ou sur l’Afrique, la société et l’homme africain sont à plaindre.
D’autres ont tendance à peindre une Afrique forte de ses blessures mêmes. Mahamet Saleh Haroun à titre d’exemple dans Daratt, la saison sèche, donne à voir une société tchadienne qui panse ses plaies de la guerre dans la dignité et le regard vers le futur. Yousri Nasrallah fait éclater les tabous dans ses films. Chez le cinéaste égyptien, ceux-ci ne sont importants que dans la mesure où ils lui permettent de construire des formes cinématographiques.
Plus explicite et plus agressif est encore Bamako du Malo-Mauritanien Abderrahman Cissako. Le film est un procès érigé dans la court de la maison paternelle du cinéaste pour juger les responsables des maux de l’Afrique. Les africains eux-mêmes n’échappent pas aux doigts accusateurs des représentants de la société civile et des juristes internationaux. Bamako est un pamphlet contre les instances hypocrites qui font semblant d’aider le continent noire à se développer alors qu’elles ne fond que l’immerger encore et encore dans les dettes arrangeant de la sorte leurs propre affaires et ceux de leurs complices locaux.
Pour ceux qui comprennent l’Afrique, elle se fait mal elle-même et donc elle est capable de s’en sortir seule et par ses propres forces. Mais le mal le plus grave dont elle souffre et contre lesquels elle mènera une guerre sans merci c’est sa méconnaissance. Celle-ci est répandue par la télévision abrutissante et par les diseurs des vraies-fausses vérités, ceux qui font de sa souffrance un fond de commerce ou un objet de voyeurisme. Le cinéma de Cissé s’inscrit contre ce regard et c’est dans ce sens qu’il mène sa batille.

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