Sunday 16 May 2010

Bouchareb écrit au Festival de Cannes


Encore un cinéaste est persécuté par les forces obscurantistes et intolérantes. Après Polanski et sa poursuite par une police américaine aveugle, après Jafar Panahi et son emprisonnement par le régime d'Ahmadi Nejad en Iran, est venu le tour de Rachid Bouchareb, réalisateur franco-Algérien dont le film est présenté en compétition à Cannes. Le crime de ce dernier : « faire un film contre la France » ou dans une autre version : « Qui nuit à l’image de la France ». Quoi de plus absurde qu'une vision aussi étriquée et aussi ignorante de tout sens de la nuance de la part des politiques qui se réclament d'une tutelle injuste et hypocrite sur l'Art. Le comble c’est que ceci se passe alors que le film n’est pas encore projeté et les auteurs des ces accusations ne l’ont donc pas encore vu.
En réaction à cela et pour essayer de calmer les âmes et inviter tout le monde à un débat civilisé et respectueux de l’Art et de la liberté d’expression, le réalisateur est sorti de son silence en envoyant une lettre ouverte à la direction du festival de Cannes qui l’a publiée sur son site officiel.

« Depuis trois semaines, une polémique précède la présentation à Cannes de mon film Hors-la-loi, alors que ceux qui participent à cette polémique n'ont pas vu le film... Devant de telles passions et dans un souci d'apaisement, il m’apparaît important de rappeler deux choses :

- Hors-la-loi est un film de fiction, une saga qui raconte l’histoire de trois frères algériens et de leur mère sur une période de plus de trente-cinq ans, du milieu des années trente à l'indépendance de l'Algérie en 1962.

- Il faut qu’il soit possible que le cinéma aborde tous les sujets. Je le fais en cinéaste, avec ma sensibilité, sans obliger quiconque à la partager. Après les projections, il sera temps que le débat public se déroule. Attaché comme je le suis à la liberté d’expression, il me paraît normal que certains puissent être en désaccord avec mon film, mais je souhaite que ce désaccord s’exprime dans un cadre pacifique et dans la sérénité du débat d’idées.

Pour le monde entier, la France est une terre de liberté et je suis particulièrement fier d’y montrer mon film, dans le plus prestigieux des festivals. Je souhaite que cette projection se fasse dans le respect mutuel et dans un climat serein. (fin de citation)»

Rachid Bouchareb

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