Saturday, 27 June 2009

Sotigui Kouyaté, « On fait avec ce qu’on a »


Au 62ème Festival de Canne, l’acteur malien Sotigui Kouyaté a reçu l´insigne des arts et des lettres du ministère français des affaires étrangères. C’est la deuxième consécration en quelques mois. Février dernier il remportait l’ours d’argent du meilleur acteur au festival de Berlin.
Vivant à Paris, Kouyaté retourne souvent en Afrique pour monter des projets. Il n’hésite pas à mettre l’accent sur ce rapport au continent : « Depuis 2003 j’ai décidé de m’occuper de mon continent. J’ai mis en scène deux pièces Antigone puis Œdipe que j’ai représentées au Sénégal, Mali, Burkina Faso, Niger… Maintenant je monte Salina de Laurent Gaudé pour laquelle je prévois une tournée également en Afrique après le Festival Culturel Panafricain d’Alger (en juillet).
Salina est encore un texte français adapté au contexte africain. Il y va de la vision que Kouyaté a de l’échange culturel. « Quand des metteurs en scène montent des pièces avec des textes européens et des acteurs africains parlant en français, ce n’est pas un échange. Moi, je prends un texte français et je le mets dans une portée et un langage africains »
En l’absence d’un théâtre structuré, Kouyaté réinvente tout avec chaque nouvelle pièce ; de l’adaptation des textes à la formation des acteurs. Mais ceci n’est pas une fatalité qui empêcherait les artistes africains d’évoluer. Il reste optimiste puisque : « C’est certes énorme mais pas impossible. On dit que l’Afrique est pauvre. Ce n’est pas vrai. On nous veut pauvres. Que l’on soit professionnel ou amateur, c’est la volonté qui fait la différence. Quand le serpent vient vers toi, tu te défends avec le bâton que tu as dans la mains. Tu ne vas pas jeter cela pour aller chercher un bâton plus fort pour te défendre. On fait avec ce que l’on a.»
C’est ce qu’a fait Sotigui Kouyaté quand il était fonctionnaire de l’Etat pour enfin devenir une icône de l’Afrique. « … un amateur avisé, affirme-t-il, n’a rien à envier à un professionnel … J’avais deux compagnies théâtrales : un trio d’art dramatique financé par l’Ambassade de France et une autre que je finançais avec mon propre salaire ».
Aujourd’hui encore il continue de financer ses pièces de théâtre grâce au cinéma : « Je fais beaucoup de sacrifices parce j’ai envie que les choses se fassent ».

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