Wednesday, 26 May 2010

Le droit de Penser tragique





L'Afrique subsaharienne est de retour à la compétition officielle du festival de cannes après treize années d'absence. Le Tchadien Mahamat-Saleh Haroun en est le porte-drapeau avec Un Homme qui crie, son quatrième long métrage. Très souvent la présence de l'Afrique sur la scène cannoise et internationale en général a été accompagnée d'un constat d'absence, voire même d'ignorance, quand ce n'est pas d'une contestation encore plus franche et surtout naïve. Le discours de Haroun semble dépasser ce que l'on pourrait appeler ce complexe. Il se situe au niveau de l'universalité de l'expression artistique, en toute légitimité mais aussi en toute lucidité et sens de la responsabilité intellectuelle.

Quel sens pourrait avoir la place que l'on ferait ou voudrait faire à l'Afrique subsaharienne ou nord-africaine ? Se réclamer du principe de quota ? C'est absurde et cela ne sert en rien le cinéma ni les cinéastes africains, ni ceux du Sud, ou de la périphérie diraient certains. Tout le sens de la démarche cinématographique de Mahamat-Saleh Haroun à nos yeux serait dans cet élan de transcender toutes formes de lignes de démarcation et ne pas rester prisonnier de ce que Gramsci appelait le "subalterne".

L'histoire de Un Homme qui crie est tchadienne. Toutes celles de ses films antérieurs, sauf celui fait pour la télévision Sexe, Gombo et beurre salé (à Bordeaux, France), ont lieu au Tchad et sont tournées là-bas. Non pas qu'il s'agisse de folklorisme, non pas par souci d'authenticité non plus. Nous dirions même que c'est par idéologie, au sens fort du terme. Vouloir se placer au niveau de l'universel revient à mettre toute son énergie dans la mise en valeur de ce qu'il y a d'humain, de fondateur dans toute expérience humaine.

Osons le raccourci ; Haroun pourrait-il être l'Eschyle ou l'Homère de l'Afrique ? La forme interrogative de ce raccourci dit tout le ridicule de la comparaison bien évidemment nonobstant les clins d'œil qui ponctuent le film renvoyant aux origines du patrimoine narratif humain. Il s'agit toutefois d'essayer de cerner les contours d'un projet culturel, au sens large du terme, d'un cinéma qui cherche à se constituer un ensemble de valeurs culturelles, morales, esthétiques, politiques… fondatrices tout en s'inscrivant dans le sillon universel.


pour lire la suite : http://www.africine.org/?menu=art&no=9489

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