Sunday 16 May 2010

Staff Benda Bilili enflamme la croisette.


Les premiers jours du festival les noms les plus attendus étaient ceux de Russell Crowe, Michael Douglas,… Mais l´effet que leur passage a laissé est bien faible comparé à celui des outsiders. Après les actrices grotesques aux rondeurs felliniennes de Mathieu Amalric dans Tournée, ce fut le tour des inconnus Congolais qui ont enflammé la scène de la quinzaine des réalisateurs. En effet, l’ouverture de cette section parallèle du festival de Cannes a consisté en deux moments de sensation. Il y a eu d’abord, l’hommage de la réalisatrice française Agnès Varda qui recevait le Carrosse d’or de la part de l’Association Française des réalisateurs de film. Et puis ce fut le film d’ouverture, Staff Benda Bilili des deux français Renaud Barret et Florent de la Tullaye, qui a eu un accueil très particulier.

En effet, la programmation de ce film pour ouvrir la quinzaine des réalisateurs est un événement en soi. Ceci est dû à plus d’une raison. D’abord, cela vient à un moment particulier. Cette année est la première après le départ d’Olivier Père, l’ex délégué de la section. Le nouveau directeur artistique, Fréderic Boyer, semble mettre sa propre empreinte. Ensuite il n’est pas de coutume d’ouvrir la section avec un documentaire, qui plus est parle d’un sujet africain : un groupe de musique venant de Kinshasa qui a un succès extraordinaire. L’élément le plus attachant c’est que tous les membres de ce groupe sont des handicapés.

Le film accompagne le groupe pendant plusieurs années. Il les décrit dans leur vie quotidienne dans les cartiers les plus démunis de la capitale de la République Démocratique du Congo. Avec eux, un portrait de la société congolaise est fait et la place de ces musiciens de fortune est définie. Ensuite, on accompagne le groupe dans les moments de crise après l’incendie qui part avec le centre d’accueil des paraplégiques. Enfin le groupe part en tournée glorieuse en Europe.

On ne peut résister à la force des images. D’une part celles des handicapés ne peut laisser indifférent. D’autre part, la musique qu’ils jouent est enchantant quoique l’on dise. Mais dans ce mélange, il comme un soupçon de méfiance : Où situer l’intérêt du film ? Le fait de filmer des handicapés n’est jamais innocent. C’est là une idée vieille comme le monde. Si l’image est importante, dans quelle mesure son effet est indépendant de la musique ? Et dans quelle mesure elle la met en valeur plus qu’elle ne l’utilise ? Été il en est de même de l’image des personnes faibles. La bonne volonté ne nous laisse exempt d’une attitude de pitié.

Tout ceci pour dire que le film est peut-être utile mais il est loin de présenter un discours cinématographique en tant que tel. L’image du handicap n’est pas vue de la même manière selon que l’on la considère du point de vue africain ou du point de vue Européen. Le handicap fait partie presque de la vie en Afrique alors que pour l’Européen, c’est un cas exceptionnel, hors norme réduisant la personne à un être faible qui a besoin de traitement spécial. Le regard des réalisateurs qui sont français, tout en admettant leur bonne volonté, subit le double poids de la pauvreté et de la paraplégie. Il en est de même de l’appréciation de la musique : on est moins sensible à un vrai talent qu’à la possibilité qu’on des handicapés de jouer une musique bien rythmée et pleine de vie.

Bref un film bien utile certes, mais il est bien pauvre en cinéma. Cela dit le groupe a bien animé la croisette après avoir animé les grandes scènes musicales européennes. Le film servira à les faire connaitre encore plus, il y aura bien des retombés sur les cartier d’où les musiciens sont sortis, et surtout il aura servi a attirer les regard vers la Quinzaine des Réalisateurs. Les puritains n’y verront pas du bon cinéma mais ne pourront ignorer la joie que ce film transmet ou laisse espérer. Et puis, aprées tout un festivaql de cinéma est aussi une fête, Staff Benda Bilili aura bien rappelé cela dans une atmosphère maurose sous l'effet de la crise et des tensions politiques.

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