Friday, 19 December 2008
Gibraltar est insurmontable
On se souvient beaucoup de l´éloge que François Truffaut faisait de la vidéo. Le cinéaste français reconnaissait le rôle de ce media dans la constitution de la cinéphilie. Le DVD, de nos jours a la même importance voire plus. C’est un outil de résistance en un sens. Beaucoup de films n’auraient jamais pu être vus n’eut été l’édition numérique.
C’est l’idée que nous avons en découvrant ce DVD du film belgo-marocain, Au-delà de Gibraltar coréalisé par Taylan Barman et Mourad Boucif. Le film est sorti en 2001, il n’a pas été assez vu au Maghreb et pas du tout sous nos cieux. C’est à l’occasion de cette édition DVD quelques années plus tard que nous le découvrons.
L’histoire d’amour entre Karim et Sophie est le centre de la réflexion sur les complexe qui brime les désirs qui naissent dans l’opposition historique des identités. L’ouverture d’esprit de tout chacun n’est jamais suffisante pour construire un monde nouveau. C’est l’aveu d’échec que semble admettre Karim en renonçant d’abord à ses efforts d’œuvrer pour l’intégration des jeunes de son cartier, en renonçant aussi à ceux de sa propre intégration. En renonçant enfin à son amour pour la femme qui le rond heureux.
Nouvellement diplômé en comptabilité, il ne parvient pas à trouver un emploi. La rencontre de Sophie est providentielle pour lui. Elle le ramène vers lui-même en l’invitant à voir un documentaire sur l’émigration. Elle le prend en charge affectivement et lui donne espoir. Grace à elle il se met à accepter de petits boulots renonçant à toutes formes de complexes. Mais s’envole en éclats après la mort accidentelle de son frère et son retour au pays, le Maroc. Le film fini sur un cri de révolte des jeunes de la banlieue de Bruxelles mais aussi d’un sentiment de fatalité qui avorte toute possibilité de partage, d’assimilation des différences.
Comme beaucoup de films dits de l’émigration, ce long métrage traite aussi de l’intégration. La complicité des deux réalisateurs d’origines différentes se retrouve dans la thématique du film lui-même et le choix de tourner avec des acteurs tous non professionnels. Il s’agit d’une tentative de comprendre ce qui pourrait mettre les émigrés et les Bruxellois toutes générations confondues ensemble. Il s’agit aussi d’entrevoir ce qui pourrait être érigé comme mur insurmontable, définissant les frontières fatales entre deux mondes, deux cultures. Malgré la complicité, le film se veut donc, un aveux et un constat d’échec.
C’est l’idée que nous avons en découvrant ce DVD du film belgo-marocain, Au-delà de Gibraltar coréalisé par Taylan Barman et Mourad Boucif. Le film est sorti en 2001, il n’a pas été assez vu au Maghreb et pas du tout sous nos cieux. C’est à l’occasion de cette édition DVD quelques années plus tard que nous le découvrons.
L’histoire d’amour entre Karim et Sophie est le centre de la réflexion sur les complexe qui brime les désirs qui naissent dans l’opposition historique des identités. L’ouverture d’esprit de tout chacun n’est jamais suffisante pour construire un monde nouveau. C’est l’aveu d’échec que semble admettre Karim en renonçant d’abord à ses efforts d’œuvrer pour l’intégration des jeunes de son cartier, en renonçant aussi à ceux de sa propre intégration. En renonçant enfin à son amour pour la femme qui le rond heureux.
Nouvellement diplômé en comptabilité, il ne parvient pas à trouver un emploi. La rencontre de Sophie est providentielle pour lui. Elle le ramène vers lui-même en l’invitant à voir un documentaire sur l’émigration. Elle le prend en charge affectivement et lui donne espoir. Grace à elle il se met à accepter de petits boulots renonçant à toutes formes de complexes. Mais s’envole en éclats après la mort accidentelle de son frère et son retour au pays, le Maroc. Le film fini sur un cri de révolte des jeunes de la banlieue de Bruxelles mais aussi d’un sentiment de fatalité qui avorte toute possibilité de partage, d’assimilation des différences.
Comme beaucoup de films dits de l’émigration, ce long métrage traite aussi de l’intégration. La complicité des deux réalisateurs d’origines différentes se retrouve dans la thématique du film lui-même et le choix de tourner avec des acteurs tous non professionnels. Il s’agit d’une tentative de comprendre ce qui pourrait mettre les émigrés et les Bruxellois toutes générations confondues ensemble. Il s’agit aussi d’entrevoir ce qui pourrait être érigé comme mur insurmontable, définissant les frontières fatales entre deux mondes, deux cultures. Malgré la complicité, le film se veut donc, un aveux et un constat d’échec.
Afrique, la géographie de la douleur.
Les derniers documentaires que j’ai vus récemment m’ont amené à une idée qui s’impose de plus en plus : Une certaine image de l’Afrique s’est constituée à partir de ses blessures. Celle-ci a été montée de toutes pièces par les médias mais aussi par le cinéma. L’Afrique aurait une géographie de la douleur et toute tentative de la représenter passerait inéluctablement, ou presque, par le pathétique.
L’un des derniers documentaires, Episode three, enjoy poverty, tourné au Congo par Renzo Martins évoque ce rapport complexe entre les maux de l’Afrique et son image. Le vidéaste hollandais démontre d’une manière crue, et cruelle en même temps, jusqu’à quel point l’articulation de la représentation sur la réalité est absurde.
Dès qu’il s’agit de filmer la douleur, il y fatalement une question de morale qui se pose. Face à cela les cinéastes sont naturellement divisés en fonction de la distance que chacun prends à l’égard de son objet. Il y a ceux comme Le cauchemar de Darwin de Hubert Sauper qui, par son analyse clinique, est comme un cri de révolte contre l’injustice. L’enquête que le documentariste allemand fait sur le marché du poisson dans la région des grands lacs est d’une froideur qui éveille la conscience par le choque des images crues.
Il y a ceux aussi pour qui la réalité africaine est un sujet à sensation. Filmer la faim ou la guerre reviens à une simple image à exhiber. Darfur, une guerre pour l’eau des Slovènes Tomo Kriznar et Maya Weiss n’a presque rien de cinématographique. Mais le fait que ces européens se trouvent au cœur de l’action est un sujet à sensation. Il en a été de même avec les journalistes de CNN embarqués sur les véhicules militaires à côté des soldats américains lors de l’invasion de l’Iraq.
Jusqu’où ira-t-on dans la représentation du mal si on n’est pas conscient de la bonne distance à observer. Or peu de cinéastes ont eu cette conscience. Il faudra se rappeler les excellents documentaires sur la guerre au Tchad de Raymond Depardon. Le même cinéaste réalisera un film manifeste sur la bonne distance nécessaire quand il s’agit de filmer l’Afrique. L’Afrique comment ça va avec la douleur est une autobiographie de cinéaste dans laquelle Depardon revient des années après son passage par le continent noir depuis l’Afrique du Sud jusqu’aux côtes méditerranéennes.
Abbas Kiarostami se rendra compte de cette distance salutaire lors du tournage de ABC Africa. Le cinéaste iranien parti faire son repérage pour un film à tourner ultérieurement est envahi par des images tellement fortes qu’il décide de s’en tenir à elles pour les laisser parler en lui. Dans ses deux derniers exemples c’est l’Afrique qui prend la parole à travers leur travail. Ce ne sont pas eux qui parle de l’Afrique, ou pire, qui la prennent pour prétexte pour parler d’eux-mêmes.
L’exemple le plus éloquent de ce point de vue c’est 7915 km de Nikolaus Ceyrhalter. Le film consiste en une série de plans fixes où la parole est donnée à un personnage, lequel devient le porte parole du continent. Il est bien question de ce qui fait mal à l’Afrique mais c’est dit avec dignité. Certes, les problèmes de pauvreté, d’émigration, d’injustice sont évoqués, mais ils le sont aux côtés des efforts faits pour avoir une vie meilleure tout en croyant au potentiel local.
Le documentaire a souvent, très souvent, comme point de départ une idée / image forte. Malheureusement l’image de la souffrance est celle qui est la plus part du temps la plus attrayante pour les chasseur d’images. Mais la chasse a ses règles, et la règles la plus importante est celle de la distance. Celle-ci peut avantager le chasseur contre sa proie, comme elle peut le mettre en danger. Le documentariste qui ne respecte pas la bonne distance dans la représentation de l’Afrique se fait brûler. Il ne peut que reproduire des idées reçues, des images, et même fausses images, que le spectateur a déjà.
L’un des derniers documentaires, Episode three, enjoy poverty, tourné au Congo par Renzo Martins évoque ce rapport complexe entre les maux de l’Afrique et son image. Le vidéaste hollandais démontre d’une manière crue, et cruelle en même temps, jusqu’à quel point l’articulation de la représentation sur la réalité est absurde.
Dès qu’il s’agit de filmer la douleur, il y fatalement une question de morale qui se pose. Face à cela les cinéastes sont naturellement divisés en fonction de la distance que chacun prends à l’égard de son objet. Il y a ceux comme Le cauchemar de Darwin de Hubert Sauper qui, par son analyse clinique, est comme un cri de révolte contre l’injustice. L’enquête que le documentariste allemand fait sur le marché du poisson dans la région des grands lacs est d’une froideur qui éveille la conscience par le choque des images crues.
Il y a ceux aussi pour qui la réalité africaine est un sujet à sensation. Filmer la faim ou la guerre reviens à une simple image à exhiber. Darfur, une guerre pour l’eau des Slovènes Tomo Kriznar et Maya Weiss n’a presque rien de cinématographique. Mais le fait que ces européens se trouvent au cœur de l’action est un sujet à sensation. Il en a été de même avec les journalistes de CNN embarqués sur les véhicules militaires à côté des soldats américains lors de l’invasion de l’Iraq.
Jusqu’où ira-t-on dans la représentation du mal si on n’est pas conscient de la bonne distance à observer. Or peu de cinéastes ont eu cette conscience. Il faudra se rappeler les excellents documentaires sur la guerre au Tchad de Raymond Depardon. Le même cinéaste réalisera un film manifeste sur la bonne distance nécessaire quand il s’agit de filmer l’Afrique. L’Afrique comment ça va avec la douleur est une autobiographie de cinéaste dans laquelle Depardon revient des années après son passage par le continent noir depuis l’Afrique du Sud jusqu’aux côtes méditerranéennes.
Abbas Kiarostami se rendra compte de cette distance salutaire lors du tournage de ABC Africa. Le cinéaste iranien parti faire son repérage pour un film à tourner ultérieurement est envahi par des images tellement fortes qu’il décide de s’en tenir à elles pour les laisser parler en lui. Dans ses deux derniers exemples c’est l’Afrique qui prend la parole à travers leur travail. Ce ne sont pas eux qui parle de l’Afrique, ou pire, qui la prennent pour prétexte pour parler d’eux-mêmes.
L’exemple le plus éloquent de ce point de vue c’est 7915 km de Nikolaus Ceyrhalter. Le film consiste en une série de plans fixes où la parole est donnée à un personnage, lequel devient le porte parole du continent. Il est bien question de ce qui fait mal à l’Afrique mais c’est dit avec dignité. Certes, les problèmes de pauvreté, d’émigration, d’injustice sont évoqués, mais ils le sont aux côtés des efforts faits pour avoir une vie meilleure tout en croyant au potentiel local.
Le documentaire a souvent, très souvent, comme point de départ une idée / image forte. Malheureusement l’image de la souffrance est celle qui est la plus part du temps la plus attrayante pour les chasseur d’images. Mais la chasse a ses règles, et la règles la plus importante est celle de la distance. Celle-ci peut avantager le chasseur contre sa proie, comme elle peut le mettre en danger. Le documentariste qui ne respecte pas la bonne distance dans la représentation de l’Afrique se fait brûler. Il ne peut que reproduire des idées reçues, des images, et même fausses images, que le spectateur a déjà.
Tuesday, 9 December 2008
Kéchiche remporte la mise
Comme chaque année le premier samedi du mois de Décembre se tient la cérémonie des prix du cinéma européen dirigée par le cinéaste allemand Wim Wenders. Cette année la soirée des oscars européens a choisi Copenhague, pour scène. Plus 1500 professionnel européens se sont rendus samedi dernier à la capitale danoise pour élire leurs meilleurs de l’année. 2008 aura connu, en effet, le succès incontestable de Gomorrah de l’italien Matteo Garrone. Il aura été meilleur en tout ou presque : film de l’année, réalisateur, scénario, image, interprétation masculine et musique. L’autre grand succès de l’année mais aussi de la soirée aura été La Graine et le mulet de Abdellatif Kechiche qui remporte le prix de la critique internationale.
En attribuant son prix à un cinéaste comme Abdellatif Kechiche, la Fédération Internationale de la Presse Cinématographique (FIPRESCI) consacre purement et simplement un auteur de cinéma. Non seulement elle rend hommage à tous ces cinéastes souvent marginalisés à cause de leurs origines, mais elle reconnait surtout le talent de ceux qui s’engagent pour un cinéma autre, indépendant et qui se dressent contre les machines de guerre qui décident de la pluie et du beau temps par la main mise qu’elles ont sur l’industrie de l’image. Avec des films à petit budget qui reste cependant difficile à financer, Kechiche se bat dans sa banlieue française en faisant rencontrer de grands textes comme ceux de Marivaux avec les jeunes beures des cités de Nice, la ville où il a grandi.
Comme beaucoup de grands cinéastes Abdellatif Kechiche doit beaucoup au théâtre. C’est là qu’il fait ses armes en tant qu’acteur quelques années seulement après avoir débarqué sur la côte d’azur venant de Tunis, sa ville natale. Ses première prestations de comédien le lancent rapidement sur les scènes du quatrième art les plus connues comme celle d’Avignon où il présente, et déjà comme metteur en scène, L’Architecte et l’empereur d’Assyrie(1981) d’Arrabal.
C’est un autre Maghrébin, Abdelkrim Bahloul, qui lui fait découvrir le grand écran en le faisant jouer dans son film Un thé à la menthe(1985). Il est rapidement repéré par André Téchiné qui le dirige aux côtés de grands acteurs français comme Claude Brially et Sandrine Bonnaire dans Les Innocents (1987). Son parcours d’acteur est couronné par le prix de la meilleure interprétation masculine au Festival du Film Francophone de Namur pour sa prestation dans Bezness (1992), un film de son compatriote Nouri Bouzid.
Pendant les années 90, Abdellatif Kechiche sera très peu vu sur scène. Mais lorsqu’en 2000 il présente La Faute à Voltaire, son premier long métrage en tant que réalisateur, il compense toutes ces années d’absence et s’impose tout de suite comme un réalisateur au talent incontestable. Pourtant on ne peut dire qu’il choisit la facilité. L’émigration est l’un des sujets les plus représentés au cinéma dit d’émigration. L’histoire de Jalel ce jeune émigré clandestin de Tunisie rencontre un grand succès. D’emblée kechiche est reconnu comme un jeune talent au Festival de Venise où il reçoit le Lion d’or de la première œuvre (2000). Puis il enchaînera plusieurs prix en passant par plusieurs festivals : Namur, Stuttgart, Angers, Cologne.
Quatre ans plus tard, L’Esquive viendra démontrer que le succès du film précédent n’était pas un hasard. L’histoire de ces jeunes répétant Les jeux de l'amour et du hasard, un classique du théâtre français, est accueillie avec ovation lors de la cérémonie des Césars où il remporte quatre trophées. Le succès de ce film ne se limitera pas à la métropole puisqu’il remportera plusieurs prix dans des festival internationaux comme Stockholm et Turin.
A l’instar de L’Esquive, La Graine et le mulet remporte aussi quatre Césars en 2008 (meilleur film français de l'année, meilleur réalisateur, meilleur scénario original et meilleur espoir féminin). Mais déjà il avait eu tous les honneurs au Festival de Venise en remportant le Prix du Meilleur Jeune Espoir, le Prix Spécial du Jury, Prix de la Critique Internationale - FIPRESCI. La consécration européenne qu’il reçut samedi dernier pour ce troisième film est la preuve d’une maturité qui vaut le respect de la profession, l’appréciation du public et la reconnaissance de la critique.
En attribuant son prix à un cinéaste comme Abdellatif Kechiche, la Fédération Internationale de la Presse Cinématographique (FIPRESCI) consacre purement et simplement un auteur de cinéma. Non seulement elle rend hommage à tous ces cinéastes souvent marginalisés à cause de leurs origines, mais elle reconnait surtout le talent de ceux qui s’engagent pour un cinéma autre, indépendant et qui se dressent contre les machines de guerre qui décident de la pluie et du beau temps par la main mise qu’elles ont sur l’industrie de l’image. Avec des films à petit budget qui reste cependant difficile à financer, Kechiche se bat dans sa banlieue française en faisant rencontrer de grands textes comme ceux de Marivaux avec les jeunes beures des cités de Nice, la ville où il a grandi.
Comme beaucoup de grands cinéastes Abdellatif Kechiche doit beaucoup au théâtre. C’est là qu’il fait ses armes en tant qu’acteur quelques années seulement après avoir débarqué sur la côte d’azur venant de Tunis, sa ville natale. Ses première prestations de comédien le lancent rapidement sur les scènes du quatrième art les plus connues comme celle d’Avignon où il présente, et déjà comme metteur en scène, L’Architecte et l’empereur d’Assyrie(1981) d’Arrabal.
C’est un autre Maghrébin, Abdelkrim Bahloul, qui lui fait découvrir le grand écran en le faisant jouer dans son film Un thé à la menthe(1985). Il est rapidement repéré par André Téchiné qui le dirige aux côtés de grands acteurs français comme Claude Brially et Sandrine Bonnaire dans Les Innocents (1987). Son parcours d’acteur est couronné par le prix de la meilleure interprétation masculine au Festival du Film Francophone de Namur pour sa prestation dans Bezness (1992), un film de son compatriote Nouri Bouzid.
Pendant les années 90, Abdellatif Kechiche sera très peu vu sur scène. Mais lorsqu’en 2000 il présente La Faute à Voltaire, son premier long métrage en tant que réalisateur, il compense toutes ces années d’absence et s’impose tout de suite comme un réalisateur au talent incontestable. Pourtant on ne peut dire qu’il choisit la facilité. L’émigration est l’un des sujets les plus représentés au cinéma dit d’émigration. L’histoire de Jalel ce jeune émigré clandestin de Tunisie rencontre un grand succès. D’emblée kechiche est reconnu comme un jeune talent au Festival de Venise où il reçoit le Lion d’or de la première œuvre (2000). Puis il enchaînera plusieurs prix en passant par plusieurs festivals : Namur, Stuttgart, Angers, Cologne.
Quatre ans plus tard, L’Esquive viendra démontrer que le succès du film précédent n’était pas un hasard. L’histoire de ces jeunes répétant Les jeux de l'amour et du hasard, un classique du théâtre français, est accueillie avec ovation lors de la cérémonie des Césars où il remporte quatre trophées. Le succès de ce film ne se limitera pas à la métropole puisqu’il remportera plusieurs prix dans des festival internationaux comme Stockholm et Turin.
A l’instar de L’Esquive, La Graine et le mulet remporte aussi quatre Césars en 2008 (meilleur film français de l'année, meilleur réalisateur, meilleur scénario original et meilleur espoir féminin). Mais déjà il avait eu tous les honneurs au Festival de Venise en remportant le Prix du Meilleur Jeune Espoir, le Prix Spécial du Jury, Prix de la Critique Internationale - FIPRESCI. La consécration européenne qu’il reçut samedi dernier pour ce troisième film est la preuve d’une maturité qui vaut le respect de la profession, l’appréciation du public et la reconnaissance de la critique.
Libellés :
Les prix du cinéma européen 2008 :
Wednesday, 19 November 2008
Sous le signe de l’image crue
Le Festival International du Documentaire d’Amsterdam, ouvre son 21ème édition avec Episode 3, enjoy poverty du hollandais Renzo Martens qui pose la question des frontières et des limites de plusieurs points de vue. Le festival le plus important peut-être du documentaire dans le monde espère ainsi annoncer la couleur de sa sélection 2008.
Renzo Martens n’est pas un réalisateur ordinaire. C’est probablement de là que vient tout l’aspect problématique de son œuvre. Il vient de ce milieu de plasticien qui utilise la vidéo pour s’exprimer plastiquement. Lorsque le sujet deviens l’Afrique, plus précisément le drame des populations de la République Démocratique du Congo, son œuvre prend une dimension extrêmement spéciale. La première des question que l’on se pose est la nature de ce produit en image. Il semblerait plus de l’installation vidéo que du cinéma pur, ou du documentaire. Mais importe, les choses sont ce qu’elles sont, nous pourrions facilement se contenter d’observer le contenu.
Les films sur les misères de l’Afrique sont innombrables. Ils posent tous ou presque les mêmes questions et butent contre les mêmes impasses : qu’est-ce qui pourrait être fait pour arrêter cette hémorragie ? Certes nul ne propose de réponse. Or, voici que Martens semble en avoir trouver. Le mal est lui-même le médicament. Sa proposition est en bref de vendre la pauvreté qui est une richesse en soi. L’oxymore dit tant sur l’absurdité de la situation. Mais il est vraie que l’image de la misère africaine draine beaucoup d’argent pour les chaines de télévision et pour les reporter photographe. C’est là que commence le raisonnement du vidéaste hollandais. Si les image de la famine, des réfugiés, de la pauvreté et de la misère rapportent beaucoup au occidentaux, les africain devraient en profiter en priorité.
En cela Martens reprend une vieille idée qui stipule que les africains sont les premiers a devoir profiter des richesses du continent. Et le film de revenir sur le marché du bois et de l’or qui se développe à la faveur des conflits qui plongent le pays dans la débâcle la plus inhumaine. Plus inhumaines sont aussi ces images des enfants qui meurent à cause de la malnutrition. Les explications qu’il récupère chez ceux qu’il tient pour responsables sont autant absurde, que le film gagne en cruauté, à tel point que l’on se demande si l réalisateur ne dépasse pas les limites de la représentation du mal.
Mais la question de la distance n’est pas une priorité pour le réalisateur qui bafoue toute frontière à commencer par sa propre remise en cause. En effet, le dispositif, de départ est une auto- mise en scène. Renzo Martens se filme lui-même non pas part ego, mais par prise de distance. Il se livre lui-même à l’image comme incarnation de l’homme blanc venu en Afrique puiser dans ses richesse y compris dans la pauvreté. C’est un peu ce qu’il fait par son film. La mise en abyme est très éloquente comme processus.
Le film lui-même est l’exemple du tort subi par l’Afrique. La négation de la frontière est poussé aux extrêmes limites. C’est à ce demander si le film à un sens en fin de compte. Le réalisateur semble se laisser guider par sa fantaisie d’acteur que son image perd de sa pertinence. L’effacement de toute distance plonge le film dans un discours vide où on voit qu’une pensée qui tourne en rond et ne reste que effet visuel de l’image qui choque.
Renzo Martens n’est pas un réalisateur ordinaire. C’est probablement de là que vient tout l’aspect problématique de son œuvre. Il vient de ce milieu de plasticien qui utilise la vidéo pour s’exprimer plastiquement. Lorsque le sujet deviens l’Afrique, plus précisément le drame des populations de la République Démocratique du Congo, son œuvre prend une dimension extrêmement spéciale. La première des question que l’on se pose est la nature de ce produit en image. Il semblerait plus de l’installation vidéo que du cinéma pur, ou du documentaire. Mais importe, les choses sont ce qu’elles sont, nous pourrions facilement se contenter d’observer le contenu.
Les films sur les misères de l’Afrique sont innombrables. Ils posent tous ou presque les mêmes questions et butent contre les mêmes impasses : qu’est-ce qui pourrait être fait pour arrêter cette hémorragie ? Certes nul ne propose de réponse. Or, voici que Martens semble en avoir trouver. Le mal est lui-même le médicament. Sa proposition est en bref de vendre la pauvreté qui est une richesse en soi. L’oxymore dit tant sur l’absurdité de la situation. Mais il est vraie que l’image de la misère africaine draine beaucoup d’argent pour les chaines de télévision et pour les reporter photographe. C’est là que commence le raisonnement du vidéaste hollandais. Si les image de la famine, des réfugiés, de la pauvreté et de la misère rapportent beaucoup au occidentaux, les africain devraient en profiter en priorité.
En cela Martens reprend une vieille idée qui stipule que les africains sont les premiers a devoir profiter des richesses du continent. Et le film de revenir sur le marché du bois et de l’or qui se développe à la faveur des conflits qui plongent le pays dans la débâcle la plus inhumaine. Plus inhumaines sont aussi ces images des enfants qui meurent à cause de la malnutrition. Les explications qu’il récupère chez ceux qu’il tient pour responsables sont autant absurde, que le film gagne en cruauté, à tel point que l’on se demande si l réalisateur ne dépasse pas les limites de la représentation du mal.
Mais la question de la distance n’est pas une priorité pour le réalisateur qui bafoue toute frontière à commencer par sa propre remise en cause. En effet, le dispositif, de départ est une auto- mise en scène. Renzo Martens se filme lui-même non pas part ego, mais par prise de distance. Il se livre lui-même à l’image comme incarnation de l’homme blanc venu en Afrique puiser dans ses richesse y compris dans la pauvreté. C’est un peu ce qu’il fait par son film. La mise en abyme est très éloquente comme processus.
Le film lui-même est l’exemple du tort subi par l’Afrique. La négation de la frontière est poussé aux extrêmes limites. C’est à ce demander si le film à un sens en fin de compte. Le réalisateur semble se laisser guider par sa fantaisie d’acteur que son image perd de sa pertinence. L’effacement de toute distance plonge le film dans un discours vide où on voit qu’une pensée qui tourne en rond et ne reste que effet visuel de l’image qui choque.
Thursday, 13 November 2008
Kechiche en DVD
Le DVD est une nouvelle forme de la consommation de l´image. Son importance grandit à tel point qu’il commence a prendre le dessus sur les circuit traditionnels de diffusions de l’audiovisuel. Cinéma et Télévision ont du compter avec ce médias depuis quelques années déjà. Ceci n’est pas sans avoir des répercussions de tailles sur les images du sud et leur visibilité.
Ces idées nous viennent alors que nous accueillons avec enthousiasme la parution de La Graine et le mulet, le nouveau film de Abdellatif Kechiche dans un emballage qui met en valeur son contenu culturel authentiquement tunisien. Outre les visages des acteurs beurs, incarnant ces émigrés tunisiens de la deuxième ou troisième génération, la couverture fait place essentiellement à une photo où l’on voit une table dressée, entourée d’un famille nombreuse ayant consommé avec délectation un couscous au poisson dont on voit encore le reste dans des plat de porcelaine tunisienne.
Pour des raisons de marketing, on peut trouver sur l’enveloppe aussi la liste des prix nombreux que le film a remporté. Ceci témoigne d’un succès non seulement festivalier et commercial, mais aussi d’un bon accueil de la critique. C’est ainsi que nous lisons des appréciations emphatiques extraite de journaux européens les plus connus.
Tout ceci pour dire que le cinéma reste le meilleur ambassadeur d’une culture. Après les ovations des festival et des cérémonies du cinéma français, après la sorite commerciale respectable pour un film d’auteur, qui plus est, tunisien, La Graine et le mulet continue son odyssée glorieuse sous la forme de DVD. Bientôt on le verra certainement sur quelques chaines européennes. Sera-t-il diffusé sur nos chaines tunisiennes ? Ce serait de l’ordre du rêve, du fantasme même.
Il n’empêche que la vue de ce DVD nous met la puce à l’oreille quand à la visibilité de nos films et la façon dont nos images voyagent. Pourquoi La Graine et le mulet est–il édité en DVD ? Le succès qu’il a eu y est pour beaucoup certes. Mais aussi, il faut admettre que ce medias est désormais une industrie et un commerce. C’est surtout un espace de visibilité dont l’importance est grandissante. Il est même désormais un passage obligé pour tout film.
Or, où en sommes-nous par rapport à tout cela ? Combien de films tunisiens, parmi les anciens ou les plus récents, sont-ils édités en DVD ? Nous ne parlons pas de l’éternelle question de la piraterie qui règne sur le marché de la vidéo sous nos cieux. Justement la riposte à ce mal viendrait peut-être d’une industrie a inventer, celle du DVD de films tunisiens. Nos films voyagent de moins en moins. Ils ne sont plus diffusés par nos télévisions comme il fut par le passé. Conclusion nous somme en train de rater le coche, comme si nous étions hors du temps et hors de l’espace. Alors que le monde est en guerre sans merci pour la visibilité, nous nous renfermons dans notre autosatisfaction.
Ces idées nous viennent alors que nous accueillons avec enthousiasme la parution de La Graine et le mulet, le nouveau film de Abdellatif Kechiche dans un emballage qui met en valeur son contenu culturel authentiquement tunisien. Outre les visages des acteurs beurs, incarnant ces émigrés tunisiens de la deuxième ou troisième génération, la couverture fait place essentiellement à une photo où l’on voit une table dressée, entourée d’un famille nombreuse ayant consommé avec délectation un couscous au poisson dont on voit encore le reste dans des plat de porcelaine tunisienne.
Pour des raisons de marketing, on peut trouver sur l’enveloppe aussi la liste des prix nombreux que le film a remporté. Ceci témoigne d’un succès non seulement festivalier et commercial, mais aussi d’un bon accueil de la critique. C’est ainsi que nous lisons des appréciations emphatiques extraite de journaux européens les plus connus.
Tout ceci pour dire que le cinéma reste le meilleur ambassadeur d’une culture. Après les ovations des festival et des cérémonies du cinéma français, après la sorite commerciale respectable pour un film d’auteur, qui plus est, tunisien, La Graine et le mulet continue son odyssée glorieuse sous la forme de DVD. Bientôt on le verra certainement sur quelques chaines européennes. Sera-t-il diffusé sur nos chaines tunisiennes ? Ce serait de l’ordre du rêve, du fantasme même.
Il n’empêche que la vue de ce DVD nous met la puce à l’oreille quand à la visibilité de nos films et la façon dont nos images voyagent. Pourquoi La Graine et le mulet est–il édité en DVD ? Le succès qu’il a eu y est pour beaucoup certes. Mais aussi, il faut admettre que ce medias est désormais une industrie et un commerce. C’est surtout un espace de visibilité dont l’importance est grandissante. Il est même désormais un passage obligé pour tout film.
Or, où en sommes-nous par rapport à tout cela ? Combien de films tunisiens, parmi les anciens ou les plus récents, sont-ils édités en DVD ? Nous ne parlons pas de l’éternelle question de la piraterie qui règne sur le marché de la vidéo sous nos cieux. Justement la riposte à ce mal viendrait peut-être d’une industrie a inventer, celle du DVD de films tunisiens. Nos films voyagent de moins en moins. Ils ne sont plus diffusés par nos télévisions comme il fut par le passé. Conclusion nous somme en train de rater le coche, comme si nous étions hors du temps et hors de l’espace. Alors que le monde est en guerre sans merci pour la visibilité, nous nous renfermons dans notre autosatisfaction.
Saturday, 18 October 2008
Kevin Spacey honours the 4th International Eurasia Film Festival
The 4th International Eurasia Film Festival hosted a Press Meeting that brought the members of the press together with the famous star of the world of cinema, twice Oscar winner actor Kevin Spacey.
Marking a peak of excitement in the festival's calendar of activities, the Press Meeting had the great actor answering the questions of the members of the press and film lovers and presented an extensive talk on cinema and Spacey's vision of acting and creativity with questions concerning issues ranging from the creative currents of Hollywood to the characters he embodied in various famous titles.
In response to a question concerning the projects he's currently working on, Spacey told he's working as a part of "Men Who Stare at Goats" featuring Jeff Bridges, George Clooney and Ewan Mc Gregor as well as a number of other projects. Placing a bold emphasis on the team work, "rhyme" and spirit as greatly important elements of successful movies, Spacey explained the actor's job as to become what the text imposes and defined cinema as the director's medium and theatre as the actor's medium. Spacey defined the sole criterion he observes when committing to finance new projects as good storytelling in response to a question concerning his producer identity. The celebrated actor will meet pupils and cinema enthusiasts in a Masterclass to be held at Hillside Su Hotel on Saturday, October 18.
Marking a peak of excitement in the festival's calendar of activities, the Press Meeting had the great actor answering the questions of the members of the press and film lovers and presented an extensive talk on cinema and Spacey's vision of acting and creativity with questions concerning issues ranging from the creative currents of Hollywood to the characters he embodied in various famous titles.
In response to a question concerning the projects he's currently working on, Spacey told he's working as a part of "Men Who Stare at Goats" featuring Jeff Bridges, George Clooney and Ewan Mc Gregor as well as a number of other projects. Placing a bold emphasis on the team work, "rhyme" and spirit as greatly important elements of successful movies, Spacey explained the actor's job as to become what the text imposes and defined cinema as the director's medium and theatre as the actor's medium. Spacey defined the sole criterion he observes when committing to finance new projects as good storytelling in response to a question concerning his producer identity. The celebrated actor will meet pupils and cinema enthusiasts in a Masterclass to be held at Hillside Su Hotel on Saturday, October 18.
Wednesday, 15 October 2008
Monday, 13 October 2008
Kevin Spacey, guest of the Golden Orange.
A Giant of Silver Screen to walk the Festival's red carpet : Kevin Spacey will be the guest of the Golden Orange. The 45th Antalya Golden Orange Film Festival and the 4th International Eurasia Film Festival are proud to announce the expected arrival of a cinema phenomenon to the festival fronts in the upcoming days. Twice Academy Award winner and Tony and BAFTA awards recipient enigmatic actor Kevin Spacey is to honour the Festival's Red Carpet on October 17.
Le tapis rouge va être déroulé devant un géant du « grand écran »: Kevin Spacey sera l'invité du Golden Orange. Le 45ème Antalya Golden Orange Film Festival et le 4ème International Eurasia Film Festival sont fiers d'annoncer l'arrivée attendue d’un phénomène de cinéma au festival au cours des prochains jours. Deux fois lauréat du prix de l'Académie et Tony BAFTA Awards et personnage énigmatique l’acteur Kevin Spacey fera l'honneur au Festival le 17 octobre prochain.
Wednesday, 8 October 2008
Une vision, une stratégie
L’orange d’or est un festival turque dédié à l’origine au cinéma national. Depuis bientôt quatre années, il est doublé d’une compétition euro-asiatique qui lui donne une place de choix dans le paysage des festivals internationaux. Le coup d’envoie de la quatrième édition du Festival International du Film euro-asiatique d’Antalya aura lieu ce vendredi 10 octobre avec la découverte du dernier festival de Venise, le film Perfetto Giorno du Truco-Italien Ferzan Özpetek. Ce film est en lice pour le grand prix qui sera discerné à la fin du festival, le 19 de ce mois.
Pour attribuer le prix, le festival a composé son Grand Jury parmi les professionnels du plus haut niveau. Il sera présidé par le cinéaste dit « virtuose », le hollandais Paul Verhoeven. Parmi les autres membres du jury nous retrouvons la célèbre actrice chonois Joan Chen (également en vedette de 24 City le film de son compatriote Zhang-Ke); CAMERON BAILEY co-directeur et programmateur Festival International du Film de Toronto, Majid Majidi nominé pour l’Oscar du meilleur réalisateur étranger.
Dans la compétition nous retrouvons cette année le Franco-Tunisien Karim Dridi avec son nouvel opus Khamsa. En face de lui il y aura entre autres le réalisateur japonais Hirokazu Kore-edda avec un film qui laisse à penser Still walking (encore en marche); Christian Petzold du Jerichow représentera le nouveau cinéma allemand; la Palestine sera représentée par Rashid Masharawi à travers son film L'Anniversaire de LAILA ; Do Côté français, outre le désormais incontournable Palme d’or, Entre les murs de Laurent Cantet, Claire Denis sera en lice avec 35 Rhums. A tout ce beau monde on ajoutera la présence très attendu de Woody Allen et l'éruption du génie dans Vicky Cristina Barcelona ainsi que celle des Frères Dardenne, porte drapeau du cinéma Belge avec Le Silence de Lorna ou encore Matteo Garrone avec le portrait caustique de la vie criminelle de Gomorrhe, un autre moment fort du dernier festival de Cannes.
Voyage vers l'Asie, est une section qui constitue un autre moment fort de cette édition. On y retrouve Le lauréat honneur de la 42e Antalya Golden Orange Film Festival, il y a trois ans, et un "régulier" du festival avec de nouveaux films chaque année, le Coréen Kim Ki Duk avec son film Dream. On y retrouve également le maitre japonais de l’animation Hayao Miyazaki et son dernier long métrage Ponyo.
D’autres stars du cinéma seront présentes par leur absence. En effet, un hommage sera rendu à deux cinéastes africain disparus. Pour cette 4ème édition, le festival consacre une projection spéciale du Destin, à la belle mémoire de Youssef Chahine, décédé 27 Juillet 2008. Une autre projection, de Touki Bouki, cette fois nous rappellera un autre génie africain, Djibril Diop Mambetty. Ce dernier fait partie d’un programme dédié aux films restaurés par la World Cinema Fondation présidé par le célèbre réalisateur Martin Scorsese, le champion de la cause de la préservation du patrimoine cinématographique des pays en développement et du rajeunissement de films d'importance historique laissés à la merci de temps. A côté de TRANSES de Ahmed El Mannouni et de l'un des plus grands classiques du cinéma turc, Dry summer de Metin Erksan dont la nouvelle version restaurée a été projeté au Festival de Cannes cette année et Ours d'Or en 1964 au Festival de Berlin.
Ainsi, la station balnéaire d’Antalya par son double festival L’Orange d’or de la compétition nationale et la sélection euro-asiatique réussi à faire le pont entre l’Occident et l’Orient d’un côté, et le passé et le présent de l’autre côté. La Turquie par cette conception confirme ses intensions de jouer vraiment le rôle de carrefour stratégique que lui offre naturellement son emplacement géographique et son Histoire. Pour cela tous les moyens sont bons pour attirer l’attention du monde du septième art.
Pour attribuer le prix, le festival a composé son Grand Jury parmi les professionnels du plus haut niveau. Il sera présidé par le cinéaste dit « virtuose », le hollandais Paul Verhoeven. Parmi les autres membres du jury nous retrouvons la célèbre actrice chonois Joan Chen (également en vedette de 24 City le film de son compatriote Zhang-Ke); CAMERON BAILEY co-directeur et programmateur Festival International du Film de Toronto, Majid Majidi nominé pour l’Oscar du meilleur réalisateur étranger.
Dans la compétition nous retrouvons cette année le Franco-Tunisien Karim Dridi avec son nouvel opus Khamsa. En face de lui il y aura entre autres le réalisateur japonais Hirokazu Kore-edda avec un film qui laisse à penser Still walking (encore en marche); Christian Petzold du Jerichow représentera le nouveau cinéma allemand; la Palestine sera représentée par Rashid Masharawi à travers son film L'Anniversaire de LAILA ; Do Côté français, outre le désormais incontournable Palme d’or, Entre les murs de Laurent Cantet, Claire Denis sera en lice avec 35 Rhums. A tout ce beau monde on ajoutera la présence très attendu de Woody Allen et l'éruption du génie dans Vicky Cristina Barcelona ainsi que celle des Frères Dardenne, porte drapeau du cinéma Belge avec Le Silence de Lorna ou encore Matteo Garrone avec le portrait caustique de la vie criminelle de Gomorrhe, un autre moment fort du dernier festival de Cannes.
Voyage vers l'Asie, est une section qui constitue un autre moment fort de cette édition. On y retrouve Le lauréat honneur de la 42e Antalya Golden Orange Film Festival, il y a trois ans, et un "régulier" du festival avec de nouveaux films chaque année, le Coréen Kim Ki Duk avec son film Dream. On y retrouve également le maitre japonais de l’animation Hayao Miyazaki et son dernier long métrage Ponyo.
D’autres stars du cinéma seront présentes par leur absence. En effet, un hommage sera rendu à deux cinéastes africain disparus. Pour cette 4ème édition, le festival consacre une projection spéciale du Destin, à la belle mémoire de Youssef Chahine, décédé 27 Juillet 2008. Une autre projection, de Touki Bouki, cette fois nous rappellera un autre génie africain, Djibril Diop Mambetty. Ce dernier fait partie d’un programme dédié aux films restaurés par la World Cinema Fondation présidé par le célèbre réalisateur Martin Scorsese, le champion de la cause de la préservation du patrimoine cinématographique des pays en développement et du rajeunissement de films d'importance historique laissés à la merci de temps. A côté de TRANSES de Ahmed El Mannouni et de l'un des plus grands classiques du cinéma turc, Dry summer de Metin Erksan dont la nouvelle version restaurée a été projeté au Festival de Cannes cette année et Ours d'Or en 1964 au Festival de Berlin.
Ainsi, la station balnéaire d’Antalya par son double festival L’Orange d’or de la compétition nationale et la sélection euro-asiatique réussi à faire le pont entre l’Occident et l’Orient d’un côté, et le passé et le présent de l’autre côté. La Turquie par cette conception confirme ses intensions de jouer vraiment le rôle de carrefour stratégique que lui offre naturellement son emplacement géographique et son Histoire. Pour cela tous les moyens sont bons pour attirer l’attention du monde du septième art.
Monday, 6 October 2008
Où va le jeune cinéma tunisien ?
Il est peut-être trop facile de se hasarder dans toutes formes de réflexions théoriques, cela devient une vraie gageure quand il s'agit de la notion de cinéma d'auteur. Le plus difficile reste toujours d'être à l'écoute de la posture d'auteur telle qu'elle se traduit dans des œuvres et d'en repérer les manifestations concrètes. En effet, le critique de cinéma est tout le temps confronté d'une façon ou d'une autre à cette notion aux contours très complexes et compliqués. Cela est autant plus difficile quand il s’agit d’aborder le travail des générations actuelles qui sont livrées au matraquage d'une image de plus en plus aplatie, vidée et nourries d'une culture de plus en plus nivelée par le bas.
La critique et la création par définition puisent dans la même source. Le critique part toujours à la recherche de la trace de l'auteur ou à défaut, d'un auteur potentiel. Quand il n'y parvient pas il est alors dans un tel embarras intellectuel qu'il ne peut que s'interroger sur les raisons de cette absence, donc sur les symptômes d'une crise. Il est porté en cela par l'espoir que peut-être en indiquant les mauvaises orientations il finirait par en désigner les bonnes.
C'est cela même, sans vouloir pour autant s'ériger en donneur de leçons, auquel je suis confronté dès qu'il s'agit pour moi de réfléchir sur ce qui se fait comme cinéma en ce moment en Tunisie, et notamment celui d'une nouvelle génération de cinéastes en herbe : Toute une génération serait à mon sens perdue, égarée, ou peut-être est-elle en train de se chercher.
La situation actuelle du cinéma en Tunisie peut être analysée en terme de disparition de la "race des auteurs". En effet, on évoque souvent le passé, proche ou lointain, non pas sans un sentiment de nostalgie dès qu'il s'agit d'ébaucher une appréciation générale de ce qui se fabrique comme image, ou encore de saisir les contours du profil de ceux qui en font la pratique. Parfois, le même réalisateur est jugé à l'aune de son propre passé.
Or, à qui profite le désordre, pour ne pas dire le chaos, sinon au plus fort, c'est-a-dire les avantagés socialement, économiquement et politiquement. Tous ces paramètres, dans le contexte tunisien, reviennent au même. L'on voit apparaître donc des jeunes réalisateurs au profile plus ou moins saisissable : Ils viennent d'un milieu plutôt aisé, un peu petite bourgeoisie ayant accès aux rouages de l'administration et disposant des outils de consommation d'une culture moyenne de l'image, celle véhiculée par les télévisions satellitaires. Ceux-ci ne passent pas par la formation "académique".
Le deuxième profil est celui que produit l'école au sens le plus large. Les étudiants sortis des instituts de formation en audiovisuels, qu'ils soient privés ou étatiques sont de plus en plus nombreux. Les plus chanceux intègrent les quelques télévisions privées qui bourgeonnent. Les autres, par choix ou par nécessité, se lancent dans l'aventure de la production audiovisuelle toutes formes confondues : spots publicitaires, films institutionnels, courts métrages,... L'impression est que l'on devient trop vite professionnel de l'image. Diplôme à la main, disposant du matériel nécessaire, on peut alors se laisser aller à l'illusion du tout possible.
Il reste toutefois que l'essentiel n'est acquis. Aussi ce profil que l'autre sont amputés du fond culturel nécessaire, celui de la cinéphilie. D'une part il y aune formation sauvage à l'image qui fait que l'on se croit toujours dans son milieu en reproduisant la même image que celle dont on a été nourri, de l'autre une formation académique caduque à cause de l'orientation générale de l'enseignement et partant de la nature du savoir acquis. Nous assistons dès lors à une dynamique provoquée par une jeunesse très active en termes de production, mais très peu soucieuses de la qualité et de teneur culturelle du produit. D'une façon générale, les films que l'on voit, et ils sont de plus en plus nombreux, témoignent dans leur quasi-totalité d'une maîtrise technique certaine mais en même temps d'un manque terrible de culture proprement cinématographique.
La dernière décennie aura amené de grands changements dans la culture de l'image en Tunisie. Ces changements sont tellement compliqués qu'il n'est plus opportun de parler uniquement de cinéma. L'image qui se fait est très souvent à mi-chemin entre le septième art et la télévision, voire d'autres formes encore plus hybrides. L'on a l'impression que quelque chose s'est perdue mais aussi que de nouvelles choses sont en train de naître. C'est en fait le propre de tout changement et de toute transition dans l'histoire d'une société.
Au départ il y avait un essoufflement sur le plan des structures. Les laboratoires, dernière pièce de la satpec disparaissaient, la télévision commençait à se désengager, la commission d'aide à la production enchaînait les dysfonctionnements et les polémiques. La production cinématographique de venait de plus en plus précaire. En parallèle on voyait monter un grand nombre de sociétés de production vidéo qui petit à petit ont envahi le secteur. Tout cela arrivait alors que le secteur de la distribution et de l'exploitation agonisait. De fait le cinéma se voyait progressivement mis en quarantaine.
Les écoles de cinéma qui sont apparues depuis le début des années 90, n'auront pas contribué à ralentir le phénomène d'aplatissement de l'image. L'improvisation et le manque de conception adaptée au contexte ont fait que l'enseignement devenait de la formation professionnelle de techniciens propres à manipuler des boutons que des artistes en puissance. Ni les diplômés ni la formation même ne fond consciemment de place réelle au cinéma comme composante culturelle.
Il en va de même avec les instituts supérieurs. L'enjeu de la formation est complètement faussé. La responsabilité est mise entre les mains de représentants administratifs plutôt que des spécialistes du cinéma ou même de l’image. Le corps enseignant est très hétérogène que les étudiants finissent par se perdre entre des approches complètement divergentes. Entre des techniciens de la télévision formés dans les années 70 et enrouillés par l'esprit du fonctionnariat, des jeunes universitaires venant de disciplines proches du cinéma, théâtre, communication, beaux-arts..., des professionnels pour la plupart plus portés sur la technique, sur le métier que sur la culture, et enfin des étudiants recrutés sans aucune sélection mais juste pour répondre à la pression qui pèse sur l'orientation universitaire, le cinéma se perd en cour de route.
Donc l’on se retrouve au carrefour des paradoxes les plus révélateurs d'une crise symbolique. Les vieilles générations sont désabusées. Les frustrations, internes celles du rythme de la production sous le monopole étatique, externes à cause de l'apparition de nouvelles cinématographies qui rendent la concurrence dans les sphères des fonds d’aide à la production devient intenable, les auront vidées de toute volonté de construction ou d'expression par l'image.
La jeune génération qui monte se trouve dès lors sans repère. Elle est coupée de celles qui l’ont précédée. Elle n'a aucune protection face aux courants terribles qui décident de la nature et de la qualité de la culture de l'image dont elle devra s'imbiber et véhiculer. La cinéphilie a été évincée progressivement de la pratique de l'image. On consomme plus télévision et DVD que grand écran. Quant à la manipulation de l'image elle se pratique plutôt dans l'industrie des spots publicitaires et des programmes de télévision.
Dans ce contexte, et la technologie aidant, la production est de plus en plus abondante. Cela concerne essentiellement les cours-métrages. Elle ne touche le long que d'une manière très aléatoire. On enregistre un grand engouement des jeunes diplômés pour la fabrication. A l'origine il y a un sentiment que faire des films est à la porté : la technique est acquise, la technologie est disponible, et les films peuvent se faire. Ce qui manquera c'est une conscience que l'on fait du cinéma et non pas des reproductions de ce qui se voit à la télévision. D'une manière générale, les films sont plus proches des drames égyptiens comme ceux qu'on voit dans les feuilletons, ou des clips comme ceux dont les télévisions libanaises matraque notre jeunesse que de l'expression authentique par le cinéma.
Cela fait que les confusions les plus catastrophiques sont possibles. L'exemple le plus parlant reste VHS Cahloucha, un produit hybride de tous points de vue entre documentaire et fiction, entre gags de télévision à la Canal Horizon et un spectacle cinématographique. Nous pourrions la même chose d'une production ayant disposé de moyens et de logistique comme celle de l'expérience dix courts dix regards, production privée soutenu par les pouvoirs publics. Les films, bien que très médiatisés, au point de figurer au programme de la journée tunisienne à Cannes dans la section : Tous les cinémas du Monde, restent d'une légèreté et d'une platitude plutôt télévisuelle
Mais le tableau n'est pas tout noir. Dans cette marée d'image plate, quelques percées restent dignes de tout respect et donne espoir. Pour l'essentiel, elles viennent de la vieille école, celle du cinéma amateur. Comme quoi c'est l'héritage de la vieille cinéphilie qui continue de porter du bon vent. L'histoire retiendra certainement Le Cuirassé Abdelkrim de Walid Mattar, Taalila de Anouar Lahouar, Croque Urbain de Radhwan Meddeb. Le paradoxe là encore, c'est que ces films ne sont pas assez médiatisés sinon dans les cercles cinéphiles.
Pourtant les occasions ne manquent pas. Les manifestations cinématographiques se multiplient d'une manière remarquable. Elles concernent surtout les courts métrages, possibilités de financement exigent. La soirée du court métrage de l'Association Tunisienne Pour la Promotion de la Critique Cinématographique, les Nuits cinématographiques de Nabeul, les Rencontres Cinématographiques de Hergla, la Tente de Hamam Laghzez et tout récemment le Festival du Film Expérimental de Sousse sont autant d'espace de visibilité pour la production nationale. Et il y en a assez de films pour nourrir les programmes de toutes ces productions. C'est pourquoi pour l'année 2007, l'ATPCC a fini par organiser une double soirée du court métrage tellement il y un nombre suffisant de films. Pour l’année 2008, il va y avoir certainement plus de film et plus d’une seule nuit. Elle est encouragée également par le nouveau cinéma récemment rouvert, FilmAfricArt. Un autre élément qui ramène du bon vent sur le secteur de l'exploitation et de la distribution. En cette veille des Journées Cinématographiques de Carthage l’on se demande quelle image ce festival va présenter de la production nationale.
L'on assiste donc tant bien que mal et malgré les différents types de dysfonctionnements structurels à un contexte d'effervescence et de dynamique de production spontanée. Il faut espérer qu'il en sortira quelque chose. Non seulement de la quantité sortira toujours quelques bons produits de qualité. Mais en plus, dans le domaine de la Culture et de l'Art, il y a toujours possibilité de recyclage de la médiocrité par une logique peu explicable. La multiplication engendre la confrontation, laquelle pousse à la concurrence, laquelle donnera de la motivation de faire de mieux en mieux. De cet ensemble de tâtonnements, la jeune génération finira par trouver ses propres points de repères et apprendra de ses maladresses. Cette énergie éparse finira par se structurer spontanément autour de quelques orientations, quelques principes de fonctionnements. C'est que l'on pourra dire que la mayonnaise n’a pas encore pris. Pour l'instant remuons et remuons encore.
La critique et la création par définition puisent dans la même source. Le critique part toujours à la recherche de la trace de l'auteur ou à défaut, d'un auteur potentiel. Quand il n'y parvient pas il est alors dans un tel embarras intellectuel qu'il ne peut que s'interroger sur les raisons de cette absence, donc sur les symptômes d'une crise. Il est porté en cela par l'espoir que peut-être en indiquant les mauvaises orientations il finirait par en désigner les bonnes.
C'est cela même, sans vouloir pour autant s'ériger en donneur de leçons, auquel je suis confronté dès qu'il s'agit pour moi de réfléchir sur ce qui se fait comme cinéma en ce moment en Tunisie, et notamment celui d'une nouvelle génération de cinéastes en herbe : Toute une génération serait à mon sens perdue, égarée, ou peut-être est-elle en train de se chercher.
La situation actuelle du cinéma en Tunisie peut être analysée en terme de disparition de la "race des auteurs". En effet, on évoque souvent le passé, proche ou lointain, non pas sans un sentiment de nostalgie dès qu'il s'agit d'ébaucher une appréciation générale de ce qui se fabrique comme image, ou encore de saisir les contours du profil de ceux qui en font la pratique. Parfois, le même réalisateur est jugé à l'aune de son propre passé.
Or, à qui profite le désordre, pour ne pas dire le chaos, sinon au plus fort, c'est-a-dire les avantagés socialement, économiquement et politiquement. Tous ces paramètres, dans le contexte tunisien, reviennent au même. L'on voit apparaître donc des jeunes réalisateurs au profile plus ou moins saisissable : Ils viennent d'un milieu plutôt aisé, un peu petite bourgeoisie ayant accès aux rouages de l'administration et disposant des outils de consommation d'une culture moyenne de l'image, celle véhiculée par les télévisions satellitaires. Ceux-ci ne passent pas par la formation "académique".
Le deuxième profil est celui que produit l'école au sens le plus large. Les étudiants sortis des instituts de formation en audiovisuels, qu'ils soient privés ou étatiques sont de plus en plus nombreux. Les plus chanceux intègrent les quelques télévisions privées qui bourgeonnent. Les autres, par choix ou par nécessité, se lancent dans l'aventure de la production audiovisuelle toutes formes confondues : spots publicitaires, films institutionnels, courts métrages,... L'impression est que l'on devient trop vite professionnel de l'image. Diplôme à la main, disposant du matériel nécessaire, on peut alors se laisser aller à l'illusion du tout possible.
Il reste toutefois que l'essentiel n'est acquis. Aussi ce profil que l'autre sont amputés du fond culturel nécessaire, celui de la cinéphilie. D'une part il y aune formation sauvage à l'image qui fait que l'on se croit toujours dans son milieu en reproduisant la même image que celle dont on a été nourri, de l'autre une formation académique caduque à cause de l'orientation générale de l'enseignement et partant de la nature du savoir acquis. Nous assistons dès lors à une dynamique provoquée par une jeunesse très active en termes de production, mais très peu soucieuses de la qualité et de teneur culturelle du produit. D'une façon générale, les films que l'on voit, et ils sont de plus en plus nombreux, témoignent dans leur quasi-totalité d'une maîtrise technique certaine mais en même temps d'un manque terrible de culture proprement cinématographique.
La dernière décennie aura amené de grands changements dans la culture de l'image en Tunisie. Ces changements sont tellement compliqués qu'il n'est plus opportun de parler uniquement de cinéma. L'image qui se fait est très souvent à mi-chemin entre le septième art et la télévision, voire d'autres formes encore plus hybrides. L'on a l'impression que quelque chose s'est perdue mais aussi que de nouvelles choses sont en train de naître. C'est en fait le propre de tout changement et de toute transition dans l'histoire d'une société.
Au départ il y avait un essoufflement sur le plan des structures. Les laboratoires, dernière pièce de la satpec disparaissaient, la télévision commençait à se désengager, la commission d'aide à la production enchaînait les dysfonctionnements et les polémiques. La production cinématographique de venait de plus en plus précaire. En parallèle on voyait monter un grand nombre de sociétés de production vidéo qui petit à petit ont envahi le secteur. Tout cela arrivait alors que le secteur de la distribution et de l'exploitation agonisait. De fait le cinéma se voyait progressivement mis en quarantaine.
Les écoles de cinéma qui sont apparues depuis le début des années 90, n'auront pas contribué à ralentir le phénomène d'aplatissement de l'image. L'improvisation et le manque de conception adaptée au contexte ont fait que l'enseignement devenait de la formation professionnelle de techniciens propres à manipuler des boutons que des artistes en puissance. Ni les diplômés ni la formation même ne fond consciemment de place réelle au cinéma comme composante culturelle.
Il en va de même avec les instituts supérieurs. L'enjeu de la formation est complètement faussé. La responsabilité est mise entre les mains de représentants administratifs plutôt que des spécialistes du cinéma ou même de l’image. Le corps enseignant est très hétérogène que les étudiants finissent par se perdre entre des approches complètement divergentes. Entre des techniciens de la télévision formés dans les années 70 et enrouillés par l'esprit du fonctionnariat, des jeunes universitaires venant de disciplines proches du cinéma, théâtre, communication, beaux-arts..., des professionnels pour la plupart plus portés sur la technique, sur le métier que sur la culture, et enfin des étudiants recrutés sans aucune sélection mais juste pour répondre à la pression qui pèse sur l'orientation universitaire, le cinéma se perd en cour de route.
Donc l’on se retrouve au carrefour des paradoxes les plus révélateurs d'une crise symbolique. Les vieilles générations sont désabusées. Les frustrations, internes celles du rythme de la production sous le monopole étatique, externes à cause de l'apparition de nouvelles cinématographies qui rendent la concurrence dans les sphères des fonds d’aide à la production devient intenable, les auront vidées de toute volonté de construction ou d'expression par l'image.
La jeune génération qui monte se trouve dès lors sans repère. Elle est coupée de celles qui l’ont précédée. Elle n'a aucune protection face aux courants terribles qui décident de la nature et de la qualité de la culture de l'image dont elle devra s'imbiber et véhiculer. La cinéphilie a été évincée progressivement de la pratique de l'image. On consomme plus télévision et DVD que grand écran. Quant à la manipulation de l'image elle se pratique plutôt dans l'industrie des spots publicitaires et des programmes de télévision.
Dans ce contexte, et la technologie aidant, la production est de plus en plus abondante. Cela concerne essentiellement les cours-métrages. Elle ne touche le long que d'une manière très aléatoire. On enregistre un grand engouement des jeunes diplômés pour la fabrication. A l'origine il y a un sentiment que faire des films est à la porté : la technique est acquise, la technologie est disponible, et les films peuvent se faire. Ce qui manquera c'est une conscience que l'on fait du cinéma et non pas des reproductions de ce qui se voit à la télévision. D'une manière générale, les films sont plus proches des drames égyptiens comme ceux qu'on voit dans les feuilletons, ou des clips comme ceux dont les télévisions libanaises matraque notre jeunesse que de l'expression authentique par le cinéma.
Cela fait que les confusions les plus catastrophiques sont possibles. L'exemple le plus parlant reste VHS Cahloucha, un produit hybride de tous points de vue entre documentaire et fiction, entre gags de télévision à la Canal Horizon et un spectacle cinématographique. Nous pourrions la même chose d'une production ayant disposé de moyens et de logistique comme celle de l'expérience dix courts dix regards, production privée soutenu par les pouvoirs publics. Les films, bien que très médiatisés, au point de figurer au programme de la journée tunisienne à Cannes dans la section : Tous les cinémas du Monde, restent d'une légèreté et d'une platitude plutôt télévisuelle
Mais le tableau n'est pas tout noir. Dans cette marée d'image plate, quelques percées restent dignes de tout respect et donne espoir. Pour l'essentiel, elles viennent de la vieille école, celle du cinéma amateur. Comme quoi c'est l'héritage de la vieille cinéphilie qui continue de porter du bon vent. L'histoire retiendra certainement Le Cuirassé Abdelkrim de Walid Mattar, Taalila de Anouar Lahouar, Croque Urbain de Radhwan Meddeb. Le paradoxe là encore, c'est que ces films ne sont pas assez médiatisés sinon dans les cercles cinéphiles.
Pourtant les occasions ne manquent pas. Les manifestations cinématographiques se multiplient d'une manière remarquable. Elles concernent surtout les courts métrages, possibilités de financement exigent. La soirée du court métrage de l'Association Tunisienne Pour la Promotion de la Critique Cinématographique, les Nuits cinématographiques de Nabeul, les Rencontres Cinématographiques de Hergla, la Tente de Hamam Laghzez et tout récemment le Festival du Film Expérimental de Sousse sont autant d'espace de visibilité pour la production nationale. Et il y en a assez de films pour nourrir les programmes de toutes ces productions. C'est pourquoi pour l'année 2007, l'ATPCC a fini par organiser une double soirée du court métrage tellement il y un nombre suffisant de films. Pour l’année 2008, il va y avoir certainement plus de film et plus d’une seule nuit. Elle est encouragée également par le nouveau cinéma récemment rouvert, FilmAfricArt. Un autre élément qui ramène du bon vent sur le secteur de l'exploitation et de la distribution. En cette veille des Journées Cinématographiques de Carthage l’on se demande quelle image ce festival va présenter de la production nationale.
L'on assiste donc tant bien que mal et malgré les différents types de dysfonctionnements structurels à un contexte d'effervescence et de dynamique de production spontanée. Il faut espérer qu'il en sortira quelque chose. Non seulement de la quantité sortira toujours quelques bons produits de qualité. Mais en plus, dans le domaine de la Culture et de l'Art, il y a toujours possibilité de recyclage de la médiocrité par une logique peu explicable. La multiplication engendre la confrontation, laquelle pousse à la concurrence, laquelle donnera de la motivation de faire de mieux en mieux. De cet ensemble de tâtonnements, la jeune génération finira par trouver ses propres points de repères et apprendra de ses maladresses. Cette énergie éparse finira par se structurer spontanément autour de quelques orientations, quelques principes de fonctionnements. C'est que l'on pourra dire que la mayonnaise n’a pas encore pris. Pour l'instant remuons et remuons encore.
Le Festival International du Cinéma du Moyen-Orient
En paillettes et glamours
Le cinéma n’échappe pas au petro- dollar. Depuis quelques années seulement, les pays du Golfe, et plus particulièrement les Emirats Arabes Unis se place parmi les destinations cinématographiques les plus prisées. Après Dubai, voici qu’Abu Dhabi s’y met et fait même de la surenchère en attirant les stars Hollywoodiennes. Dans un contexte où il n’y a même pas de production cinématographique, c’est au mieux mieux.
Pour cette deuxième édition du Festival International du Film du Moyen-Orient qui se tiendra du 10 au 19 Octobre des dizaines d'Arabes et de célébrités internationales et les cinéastes ont confirmé leur présence. Le tapis rouge et la cérémonie d'ouverture feront honneur à Antonio Banderas et Melanie Griffith. Lors de la soirée inaugurale sera projeté "The Brothers Bloom", el film réalisé par Rian Johnson et produit par Endgame et Summit Entertainment.
Mohamed Khalaf Al Mazrouei, vice-président de MEIFF et directeur général de l'Autorité d'Abou Dhabi pour la culture et du patrimoine (ADACH) - a déclaré: «Malgré le fait que nous sommes seulement deux ans, MEIFF a réussi à établir une excellente réputation parmi les manifestations similaires dans le monde entier ». Et il n’a pas manqué de préciser que l’éclat de la manifestation est lié à la qualité de ses invités. "Cette année, nous avons un éventail de célébrités confirmé pour notre événement. Nous sommes extrêmement fiers de les accueillir à Abu Dhabi - une ville qui est pleine de surprises et à travers un tel événement, nous sommes en mesure de les montrer avec brio », a-t-il ajouté.
Du côté arabe, le MEIFF accueillera également un bon nombre de stars, égyptienne pour l’essentiel pour ne pas faire exception à la règle de tous les festivals arabes. Les communiqués de presse annoncent les acteurs et actrices; Yosra, qui sera également un membre du jury du Black Pearl Awards, Elham Shaheen, Hussein Fahmy, Kahled Saleh, Jamal Soliman , Shérif Mounir, Hala Sedki, Fathi Abdel Wahab, Latifa, Saloom Haddad, Libliba, Khaled El Nabawy et Safeya Al Emary, Mohamed Heneidi, Solaf Fawakhirji, Haïfa Hussain, Saad Al Faraj, Abdul Hussain Abdul Rida, Dawood Hussain, Duraid Lahham, entre autres. Le mois dernier, lors d'une conférence de presse pour annoncer des présentations spéciales, Nashwa Al Ruwaini, directrice du festival a annoncé que Jane Fonda sera également présente, et sera honorée par prestigieux Prix du Black Pearl. Vont également assister à cette deuxième édition Catherine Deneuve, Susan Sarandon et Laila Alawi qui participeront au panel « Cinéma Vérité / MEIFF 2008 » qui se tiendra les 14 et 15 Octobre et qui portera sur le thème de « la conscience sociale au cinéma ».
Rappelons que le Festival International du Cinéma du Moyen-Orient, qui se tient à Abou Dhabi, est un événement annuel et un projet de l'Autorité d'Abou Dhabi pour la culture et du patrimoine (ADACH). Le Festival est un événement culturel dédié au cinéma du mondial dans sa diversité et à l'introduction des cinéastes du monde entier aux communautés de la région. Cette année, la MEIFF va voir plusieurs nouveaux ajouts à un calendrier déjà passionnant. Pour la première fois, il y aura une section du Festival se concentrant sur les films de l'environnement ainsi qu’une vitrine sur les documentaires mettant en relief les 60 années écoulées depuis la division de la Palestine. Cette deuxième édition fera de la place également à l’industrie de l’image à travers plusieurs initiatives et forum.
Hassouna Mansouri
Le cinéma n’échappe pas au petro- dollar. Depuis quelques années seulement, les pays du Golfe, et plus particulièrement les Emirats Arabes Unis se place parmi les destinations cinématographiques les plus prisées. Après Dubai, voici qu’Abu Dhabi s’y met et fait même de la surenchère en attirant les stars Hollywoodiennes. Dans un contexte où il n’y a même pas de production cinématographique, c’est au mieux mieux.
Pour cette deuxième édition du Festival International du Film du Moyen-Orient qui se tiendra du 10 au 19 Octobre des dizaines d'Arabes et de célébrités internationales et les cinéastes ont confirmé leur présence. Le tapis rouge et la cérémonie d'ouverture feront honneur à Antonio Banderas et Melanie Griffith. Lors de la soirée inaugurale sera projeté "The Brothers Bloom", el film réalisé par Rian Johnson et produit par Endgame et Summit Entertainment.
Mohamed Khalaf Al Mazrouei, vice-président de MEIFF et directeur général de l'Autorité d'Abou Dhabi pour la culture et du patrimoine (ADACH) - a déclaré: «Malgré le fait que nous sommes seulement deux ans, MEIFF a réussi à établir une excellente réputation parmi les manifestations similaires dans le monde entier ». Et il n’a pas manqué de préciser que l’éclat de la manifestation est lié à la qualité de ses invités. "Cette année, nous avons un éventail de célébrités confirmé pour notre événement. Nous sommes extrêmement fiers de les accueillir à Abu Dhabi - une ville qui est pleine de surprises et à travers un tel événement, nous sommes en mesure de les montrer avec brio », a-t-il ajouté.
Du côté arabe, le MEIFF accueillera également un bon nombre de stars, égyptienne pour l’essentiel pour ne pas faire exception à la règle de tous les festivals arabes. Les communiqués de presse annoncent les acteurs et actrices; Yosra, qui sera également un membre du jury du Black Pearl Awards, Elham Shaheen, Hussein Fahmy, Kahled Saleh, Jamal Soliman , Shérif Mounir, Hala Sedki, Fathi Abdel Wahab, Latifa, Saloom Haddad, Libliba, Khaled El Nabawy et Safeya Al Emary, Mohamed Heneidi, Solaf Fawakhirji, Haïfa Hussain, Saad Al Faraj, Abdul Hussain Abdul Rida, Dawood Hussain, Duraid Lahham, entre autres. Le mois dernier, lors d'une conférence de presse pour annoncer des présentations spéciales, Nashwa Al Ruwaini, directrice du festival a annoncé que Jane Fonda sera également présente, et sera honorée par prestigieux Prix du Black Pearl. Vont également assister à cette deuxième édition Catherine Deneuve, Susan Sarandon et Laila Alawi qui participeront au panel « Cinéma Vérité / MEIFF 2008 » qui se tiendra les 14 et 15 Octobre et qui portera sur le thème de « la conscience sociale au cinéma ».
Rappelons que le Festival International du Cinéma du Moyen-Orient, qui se tient à Abou Dhabi, est un événement annuel et un projet de l'Autorité d'Abou Dhabi pour la culture et du patrimoine (ADACH). Le Festival est un événement culturel dédié au cinéma du mondial dans sa diversité et à l'introduction des cinéastes du monde entier aux communautés de la région. Cette année, la MEIFF va voir plusieurs nouveaux ajouts à un calendrier déjà passionnant. Pour la première fois, il y aura une section du Festival se concentrant sur les films de l'environnement ainsi qu’une vitrine sur les documentaires mettant en relief les 60 années écoulées depuis la division de la Palestine. Cette deuxième édition fera de la place également à l’industrie de l’image à travers plusieurs initiatives et forum.
Hassouna Mansouri
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Abou Dhabi (10-19 octobre 2008)
Anna Magniani, La Mamma
Après la VHS, le DVD a encore plus révolutionné le monde de l’image. Nulle n’ose aujourd’hui remettre cette vérité en question. C’est surtout le plaisir de redécouvrir les chefs-d’œuvre qui rend ce nouveau support incontournable. C’est l’idée à laquelle on ne peut échapper face à une édition spéciale de deux disques consacrés par la collection « Home Screen » à deux monuments de l’histoire du cinéma : Luchino Visconti avec Bellisima et Pier Paolo Pasolini avec Mamma Roma
Les deux films ont plus d’un point commun. Outre la place de choix qu’il ont dans l’édifice du néoréalisme, du reste évidente, c’est aussi la figure d’Anna Magniani, superbe et toujours impassible à l’effet du temps. S’il y a une actrice qui a bien porté tout un courant cinématographique sur les trait les plus fins de son visage et marqué à jamais la mémoire des cinéphiles, ce sera sans conteste cette brune italienne.
Dans les deux films Anna Magniani incarne la figure mythique de l’Italie. La « Mamma italiana » lui colle à la peau. Dans Mamma Roma, elle est une prostituée reconvertie qui mène un combat sans merci pour retrouver son fils qu’elle avait abandonné dans une pension. Dans Bellisima, elle fait des mains et des pieds pour que sa fille soit retenu dans un casting. Les deux génie du cinéma mettent en scène, le cliché le plus répondu sur la société italienne, mais leur brio leur sert pour nous laisser deux œuvres majeures du réalisme.
A quarante ou cinquante années après, Bellisima date de 1952, Mamma Roma de 1962, les films ne vieillissent pas. Les deux auteurs restent deux références incontournable dans la peinture des petites gens, qui se battent pour la survie ou pour le rêve. Ces deux films du début de la période du néoréalisme, il s’agit du deuxième film pour chacun des deux réalisateurs, sont deux cas d’école. Cette édition, outre le plaisir et la jouissance cinéphilique, donne l’exemple d’un cinéma qui fera partie du patrimoine humain.
Les deux films ont plus d’un point commun. Outre la place de choix qu’il ont dans l’édifice du néoréalisme, du reste évidente, c’est aussi la figure d’Anna Magniani, superbe et toujours impassible à l’effet du temps. S’il y a une actrice qui a bien porté tout un courant cinématographique sur les trait les plus fins de son visage et marqué à jamais la mémoire des cinéphiles, ce sera sans conteste cette brune italienne.
Dans les deux films Anna Magniani incarne la figure mythique de l’Italie. La « Mamma italiana » lui colle à la peau. Dans Mamma Roma, elle est une prostituée reconvertie qui mène un combat sans merci pour retrouver son fils qu’elle avait abandonné dans une pension. Dans Bellisima, elle fait des mains et des pieds pour que sa fille soit retenu dans un casting. Les deux génie du cinéma mettent en scène, le cliché le plus répondu sur la société italienne, mais leur brio leur sert pour nous laisser deux œuvres majeures du réalisme.
A quarante ou cinquante années après, Bellisima date de 1952, Mamma Roma de 1962, les films ne vieillissent pas. Les deux auteurs restent deux références incontournable dans la peinture des petites gens, qui se battent pour la survie ou pour le rêve. Ces deux films du début de la période du néoréalisme, il s’agit du deuxième film pour chacun des deux réalisateurs, sont deux cas d’école. Cette édition, outre le plaisir et la jouissance cinéphilique, donne l’exemple d’un cinéma qui fera partie du patrimoine humain.
Hassouna Mansouri
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