Friday 19 December 2008

Gibraltar est insurmontable


On se souvient beaucoup de l´éloge que François Truffaut faisait de la vidéo. Le cinéaste français reconnaissait le rôle de ce media dans la constitution de la cinéphilie. Le DVD, de nos jours a la même importance voire plus. C’est un outil de résistance en un sens. Beaucoup de films n’auraient jamais pu être vus n’eut été l’édition numérique.
C’est l’idée que nous avons en découvrant ce DVD du film belgo-marocain, Au-delà de Gibraltar coréalisé par Taylan Barman et Mourad Boucif. Le film est sorti en 2001, il n’a pas été assez vu au Maghreb et pas du tout sous nos cieux. C’est à l’occasion de cette édition DVD quelques années plus tard que nous le découvrons.
L’histoire d’amour entre Karim et Sophie est le centre de la réflexion sur les complexe qui brime les désirs qui naissent dans l’opposition historique des identités. L’ouverture d’esprit de tout chacun n’est jamais suffisante pour construire un monde nouveau. C’est l’aveu d’échec que semble admettre Karim en renonçant d’abord à ses efforts d’œuvrer pour l’intégration des jeunes de son cartier, en renonçant aussi à ceux de sa propre intégration. En renonçant enfin à son amour pour la femme qui le rond heureux.
Nouvellement diplômé en comptabilité, il ne parvient pas à trouver un emploi. La rencontre de Sophie est providentielle pour lui. Elle le ramène vers lui-même en l’invitant à voir un documentaire sur l’émigration. Elle le prend en charge affectivement et lui donne espoir. Grace à elle il se met à accepter de petits boulots renonçant à toutes formes de complexes. Mais s’envole en éclats après la mort accidentelle de son frère et son retour au pays, le Maroc. Le film fini sur un cri de révolte des jeunes de la banlieue de Bruxelles mais aussi d’un sentiment de fatalité qui avorte toute possibilité de partage, d’assimilation des différences.
Comme beaucoup de films dits de l’émigration, ce long métrage traite aussi de l’intégration. La complicité des deux réalisateurs d’origines différentes se retrouve dans la thématique du film lui-même et le choix de tourner avec des acteurs tous non professionnels. Il s’agit d’une tentative de comprendre ce qui pourrait mettre les émigrés et les Bruxellois toutes générations confondues ensemble. Il s’agit aussi d’entrevoir ce qui pourrait être érigé comme mur insurmontable, définissant les frontières fatales entre deux mondes, deux cultures. Malgré la complicité, le film se veut donc, un aveux et un constat d’échec.

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