Tuesday, 17 May 2011

Le cinéma bat la politique


Impossible mais vrai. Jafar Panahi et Mohammad Rasoulof, choses inimaginable il y a quelques semaines, participent au festival de Cannes qui se tient du 11-22 mai 2011.
Cette présence et extraordinairement exceptionnelle après des efforts réguliers de tous les grands festival pour les soutenir et réclamer leur liberté, ne sont pas libérés mais ils sont libres. Les deux cinéastes proposent au Festival de Cannes deux films qu’ils ont pu réaliser malgré la situation kafkaïenne dans laquelle ils se trouvent : un jugement de six ans de prison ferme et vingt ans d’interdiction de toute activités professionnelles ni de contact avec les media.
D’aucun seraient tentés de s’interroger sur la manière dont les deux films sont parvenus au festival. Le plus important reste la volonté des deux cinéastes de continuer à en faire parce qu’ils savent que c’est leur raison d’être. Comment ont-ils pu tourner les films et les produire afin qu’ils soient présents à Cannes ? c’est le sens d’une volonté de fer d’une part et c’est le signe qu’ils ne sont pas seules et que certainement des collègues les ont rejoint d’une part. Mais de toute façon il faut surtout penser s’ils ont vraiment le choix.
Quelle que soit la situation, et quels que soient les éléments impliqués dans cette affaire, il reste qu’il y a un bras de fer historique entre deux volontés aussi fortes l’une que l’autre. D’une part nous avons une machine de répression et un Etat théocratique aveugle dont l’art est l’ennemi à abattre ; de l’autre des artistes qui ont appris à survivre sous la dictature et ont fait du cinéma leur vie, et la liberté d’expression l’air qu’ils respirent. La théocratie a dit son mot, l’art à travers cette présence laisse entendre sa voix malgré.
Entre deux jugements, et dans l’attente de l’appel, les deux hommes signent-là peut-être leurs derniers ouvrages. Mais ce sera peut-être aussi le geste qui les sauvera à jamais et montrera que la machine de l’oppression ne peut tenir face à une telle absurdité. Du reste, la présence de ces films et leur disponibilité pour la presse mondiale est une victoire en soi au-delà de toutes considérations.
David vaincra toujours Goliath.

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