Wednesday, 29 September 2010

The Confiscated Image


Vanuit het Zuiden (in english From the South) and Middle East Culture announce the upcoming release of the new book by Hassouna Mansouri about the cinema of the South (The Confiscated Image):

L’Image confisquée : le cinéma du Sud, ce cinéma (de) subalterne

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Sunday, 26 September 2010

L'Image confisquée, le cinéma du Sud, ce cinéma (de) subalterne


Le nouveau livre, L'Image confisquée, le cinéma du Sud, ce cinéma (de) subalterne, sera bientôt sur le marché. Pour commander dès maintenant votre exemplaire vous pouvez contacter l'association Vanuit het Zuiden - Amsterdam.

Vanuit het Zuiden (ou Depuis le Sud) est une organisation culturelle européenne qui réunit des artistes et des intellectuels de l’émigration installés en Europe. Elle est née de la volonté de défendre le droit à tous d’accéder à la culture mondiale et d’y contribuer. Elle entend mettre en valeur le rôle de l’émigration dans l’enrichissement des cultures européennes et celles du monde. Aussi entend-elle jeter les passerelles de la solidarité et de la tolérance entre les différentes communautés et sociétés à travers l’Art et la Culture.

Saturday, 11 September 2010

Kechiche met la barre au plus haut.


A Venise la Tunisie est représentée par deux de ces enfants : Raja Amari est membre du jury de la section Horizzonti et Abdellatif Kechiche vient présenter sont quatrième long métrage, Venus Noire, en compétition officielle. Les deux réalisateurs sont en fait des habitués de la Biennale. Il y sont très souvent venus. Le nouveau film de Kechiche est particulièrement attendu cette année non pas parce que ce réalisateur a toujours eu du succès au Lido, mais parce que le sujet du film est extrêmement spécial cette fois.
Kechiche a choisi de raconter une histoire qui remonte au début du 19ème siècle. Mais il ne s’agit pas d’un film historique au sens traditionnel du terme. Les évènements commencent certes en 1815. Le film reconstitue par les costumes, les accessoires et les décors en effet l’atmosphère de l’époque. Mais Kechiche reste profondément plongé dans une actualité brulante, puisque son personnage meure à cette époque-là, mais il n’est enterré qu’en 2002. L’histoire est l’une des plus intrigantes de notre époque et l’une de celles qui traduisent avec une grande éloquence l’absurdité des rapports entre les différences.
Venus noire est l’histoire vraie de Sarah Bartman dite « Saartjie », une femme vraiment pas comme toutes les autres, pas comme nulle autre. Charles Baudelaire l’avait nommée « la maitresse des maitresses ». Dans sa vie elle en a vu de tout. Esclave chez les afrikaans en Afrique du Sud, puis domestique, elle est amenée à Londres pour être exposée comme une curiosité de foire. Ensuite elle fait l’objet des caprices de la hautes société parisienne avant de faire l’objet d’investigations scientifiques sur les traits curieux de son anatomie.
A cette époque le rapport final servit d’arguments pour les esprits tordus qui cherchaient à justifier leur comportement et politique colonialistes en s’appuyant sur des idées racistes et absurdes. Au début des années 90, et à la fin du régime aberrant de l’Apartheid, l’Afrique du Sud gouvernée par l’ANC, le parti de Nelson Mandella, réclame à la France les reste du corps de la femme au sort bizarre. Jusqu’ici les organes et les squelette étaient exposés au Musée de l’Homme à Paris et en était la propriété.
Il semblerait que la restitution symbolique de ce corps à sa terre natale avait suscité chez Abdellatif Kechiche une réflexion sur l’actualité des rapports entre le Nord et le Sud et plus précisément entre l’Europe, son passé coloniale, et sa politique actuelle à l’égard du continent noire. Sarah Bartman dans le film est plus qu’une réalité historique, elle est une réalité politique non pas au sens étroit mais au sens le plus profond. La Vénus noire est la métaphore de cette Afrique admirée, aimée mais aussi usée et exploitée jusqu’à l’os au sens propre et au figuré.
Depuis son jeune âge dans le petit village prés de Cup Town où elle est née, Sarah a servi des homme blancs. D’abord esclave, puis mariée à un afrikans qui la largue. Celui qui la prend comme domestique ensuite lui fait miroiter le succès et la gloire en la faisant monter sur scène comme un monstre exotique dans la foires européenne tout en lui faisant croire que c’est le chemin vers le monde du spectacle. Son corps qui devait être sa richesse en est devenu une malédiction. Après avoir été montré comme une curiosité, il servira de chaire à consommer dans les maisons closes des bas fonds parisiens. Ayant pris en elle tous les maux du monde, elle s’éteint alors qu’elle n’avait pas encore la trentaine.
Mais l’exploitation mercantile de ce corps magique ne s’est pas arrêtée avec la fin des souffrances de la vie. Au-delà de la mort, l’Europe et ses scientifiques, continuera a puiser ce qui est encore utilisable en elle. De son vivant, Sarah n’a jamais autorisé les scientifiques regroupés autour du professeur George Cuvier de s’approcher de ses organes génitaux. Lorsqu’elle est morte, l’Académie Royale de Médecine s’est procuré de la manière la plus minable la dépouille qui servira à justifier les inégalités qui sévissent encore sur l’ordre du monde. La mutilation du cadavre de la Hottentot Noire est présentée par Kechiche comme le viol le plus abominable à l’image de toutes les violences et les absurdités que l’Afrique continue de subir au nom de l’aide au développement. Plus qu’un film de reconstitution historique, Venus noire est donc une mise au point sur l’aberration des rapports entre les différences quand ceux-ci sont régis par la soif du pouvoir et du profit sans reconnaitre aucune limite.

La Chine n’est pas loin


Le tournant de la deuxième semaine de Venise aura été chinois. Dimanche le public a découvert un superbe Détective Dee dans le style des épopées chinoises à la Zang Ymou. Lundi, était le tour du film surprise qui s’avèrera être un autre film chinois, Le Fossé. Le premier avait créé le spectacle et avait réconcilié le public avec les grandes épopées haute en couleur, le second, une fois découvert fut une révélation poignante de tous point de vue sur une réalité des plus abjecte.
Il semble que les films chinois sont de plus en plus incontournables pour tout festival qui voudrait répondre à des attentes diverses et exigeantes. Détective Dee et le mystère des Fantômes brulants des frères Hark reste fidèle à la tradition perpétrée par ce qui s’appelait la cinquième génération des cinéastes Chinois. Dans un style complètement différent, Le Fossé de Wang Bing, prend le spectateur par les tripes et le met en face d’une réalité crue et une vie rugueuse. Ces deux films désignent à eux seules, les deux principaux sillons du cinéma chinois : l’épopée dans la continuité du théâtre traditionnel avec costumes et masques, et le film réaliste qui enregistre un mode de vie aux limites du vivable.
L’Inscription dans l’histoire lointaine du pays, les costumes, les chorégraphies et la dimension moralisatrice sont les ingrédients qui font toujours rêver les spectateurs. Le récit ponctué par des combats d’arts martiaux entre des personnage d’une beauté féérique donne un rythme au film hypnotisant. Ceci est le propre des films chinois qui remontent aux temps lointains, des grandes dynasties des empires d’antan. Les frères Hark ont choisi en plus d’articuler le tout sur une trame d’enquête policière commandée par la toute première impératrice dans l’histoire de l’ancienne Chine à un l’enquêteur mythique De Renjie, le Sherlock Holmes de la chine médiévale. Ils donnent à voir un film policier dans le moyen âge comme l’aurait fait Umberto Eco dans Le Nom de la rose sur un fond de cause et de thématique féministe très moderne.
Tout autre est le rythme et le ton du film de Wang Bing. L’époque contemporaine est peinte comme une époque de souffrance. Les personnages marchent lentement comme des fantômes sortis des tombes où ils sont enterrés au sens propre et figuré, ou rampent même comme des rats pour entrer dans les cavernes aménagées dans le sol en casemates d’ouvriers. On apprendra que ces ouvriers sont des cadres et des intellectuels condamnés aux travaux forcés comme ceux que Stalines envoyait au Goulag en Sibérie et d’où aucun ne revient. Les images ne sont pas du tout stylisées et le tournage se passe dans des décors naturels des steppes de la Chine profonde. Là l’Homme devient animal avant de fondre complètement dans la poussière glaciale du désert.
Voici donc deux styles de cinématographiques différents avec un seul objectif : peindre la chine. Chacun des deux cinéastes en a une. L’un remonte vers la Chine impériale du septième siècle, celles des empereurs et des preux chevaliers qui se sacrifient pour le souverain et au-delà pour le peuple. L’autre choisi de témoigner d’une réalité politique contemporaine à travers les camps de prisonniers politiques, qui pas plus loin qu’une paire de décennie, menaient à la mort la crème des intellectuels du pays au nom de la sacrosainte « Dictature du prolétariat ». Les deux se rencontreront enfin de compte au même point : comment le cinéma peut célébrer la grandeur et les contradictions de ce pays qui traversent son histoire de bout en bout.

Saturday, 4 September 2010

Sophia Coppola donne le La


C’est parti en douceur à Venise. La 67ème Mostra internationale di Venezia n’a pas apporté de surprise les trois premiers jours. L’annonce de la sélection officielle, le jury présidé par la star américaine Quintin Tarantino n’avait pas provoqué de sensation remarquable. La confirmation d’un 23ème film en lice Essential Killing du Polonais Jerzi Skolimowsky, en attendant la révélation du 24ème retenu comme film surprise, n’attire pas vraiment l’attention. Et même la programmation d’un court métrage de 9 minute de l’Iranian Jafar Panahi n’a pas eu l’effet escompté interdit de voyage chez lui.
Les premiers jours étaient donc plutôt décevants. Le film d’ouverture Black Swan (Le Cigne noir) de Darren Aronovsky a été accueilli par une certaine froideur. Même les noms connus comme ceux de Dino Risi qui présenta son nouveau film Parfum de femmes et Bertrand Blier avec Le Bruit des glaçons n’ont pas pu donner le ton à l’édition 2010 de Venise. On s’attendait à quelque chose du coté chinois avec Tran Anh Hung qui présentait Le Bois Norvégien. On comptait surtout sur Miral de Julian Schnabel qui aurait pu susciter un petit remous par son sujet à sensation. Le film retrace l’histoire de l’affaire palestinienne et du processus de la colonisation israélienne à travers le parcours réel d’une journaliste américaine d’origine palestinienne. Aucune de ces possibilités n’a eu de prise sur le public de la Biennale.
C’est au troisième jours que les choses ont bougé. Il y a eu d’abord la pluie, beaucoup de pluie… On dirait un signe du ciel que des choses allaient se passer ce jour –là. Dès le matin, on pouvait voir les nuages s’accumuler au-dessus du Lido. On voyait l’orage venir, et il vint quelques heures plus tard dans la journée. La salle de presse était pleine de journalistes attablés pour écrire leurs dépêches annonçant le bon jour. Le toit commença d’abord à laisser passer quelques goutes et puis l’eau s’abattit d’un coup sur les ordinateurs et l’électricité fut coupée… le reste des articles sera dicté par téléphone aux rédactions en place comme au bon vieux temps.
C’est le charme de Venise. Chaque année on attend l’orage, on sait qu’il va venir. De la même manière on attend les bonnes surprises cinématographiques. Au troisième jour donc, l’orage vénitien est venu et avec lui le cinéma. Comme si le premier célébrait le second.
C’est sous l’impact des goutes d’une pluie torrentielle que nous avons regardé Somewhere (Quelque part) de Sophia Coppola. La fille du grand cinéaste Francis Ford Coppola n’a pas manqué à sa réputation, ni au nom de la famille comme à l’Italienne. Son nouveau film, produit par son frère Roman Coppola, fait sensation. Pourtant c’est un film sur l’ennui que vit un célèbre acteur hollywoodien. Le grand succès que connait Johnny Marco le jette dans une crise existentielle et le plonge dans l’univers lugubre de la drogue et des filles jusqu’à perdre le sens et le gout de la vie. C’est sa fille (11 ans) qui le récupère de sa perdition et la ramène en toute naïveté et douceur vers le sens authentique des choses et des sentiments réels. Et Sophia Coppola de traduire cette simplicité enfantine au moyen d’une mise en scène dont le dépouillement lui permet de gagner amplement en profondeur.
On a ressenti le même dépouillement dans l’autre belle surprise de la journée. Silent Souls (Les Ames silencieuses) du Russe Aleksei Fedorchenko. C’est aussi un film sur le sens de la vie. Le minimalisme au niveau du scénario et de la mise en scène n’enlève rien à la profondeur et à la richesse des sentiments décrits, et encore moins à la poésie qui se dégage des images et des voix. Un homme perd sa jeune femme. Il invite son ami et employé à lui rendre les derniers hommages incinérant son cadavre selon les us de la région. Tout en montrant le processus dans sa cruauté, Fedorchenko sonde les âmes de ses personnage à la recherche des profonds sentiments d’amour, d’amitié, de complicité,… le tout dans une atmosphère de grande poésie. Et au-delà, le film est une leçon sur la manière d’utiliser un matériaux du patrimoine mythologique local pour s’élever au niveau de l’universel sans perdre de pertinence et de richesse des messages.
Ainsi, deux cinéastes relativement jeunes (autour de 40 ans chacun) donnent le La à cette 67ème édition de la Mostra de Venise. On y prend gout et on attaque le reste des jours avec plus d’appétit cinéphilique. Surtout que la Tunisie y est représentée par deux de ces enfants. Abdellatif Kéchich vient présenter son nouvel opus Venus Noire en compétition officielle et Mustapha Hasnaoui avec sa complice Marianne Khoury sont inscrits dans la section Horizzonti avec leur documentaire Zelal. Mais il reste qu’au quatrième jour le film le plus attendu est Lettre à Elia de Martin Scorcese, un documentaire à la mémoire du grand cinéaste Elia Kazan…. Il y a donc encore des choses à voir.